Un tour d'Algérie exceptionnel. Sur ces mêmes colonnes, La Tribune avait considéré, il y a une année déjà, que cet évènement était désormais condamné à monter en puissance et surtout à apporter la preuve de la notoriété voulue par ses initiateurs. Ainsi du premier rendez-vous quelque peu balbutiant de l'épreuve, considéré par les puristes comme une action des plus ridicules, voire une offense à la petite reine, celles qui ont suivi ont confirmé une graduelle amélioration jusqu'à celle qui prend effet aujourd'hui et qui très certainement ne constituera qu'un autre jalon qui semblera encore une fois désuet aux puristes précédemment évoqués pour ne tomber que dans la routine une fois la boucle bouclée. Les 21 sportifs des 21 nations présentes à ce grand tour cycliste d'Algérie auront, en plus de voir du pays, droit à des parcours inédits auxquels ils peuvent ne pas être habitués en raison des conditions climatiques, géographiques, topographiques particulières qu'ils auront à connaître en raison justement de la spécificité du parcours et de la nature même des régions prévues dans le tracé. La Fédération algérienne de cyclisme a, vraisemblablement, mis les moyens cette année pour que son rendez-vous annuel soit non seulement attractif pour les populations, mais surtout comme un appel à adhésion à une activité sportive d'abord populaire et qui, ensuite, procure les mêmes sensations, avantages, notoriété que n'importe quelle autre discipline du fait de cette popularité...au même titre que le football... comme cela a été le mano a mano de ces deux disciplines au lendemain de l'indépendance. Autrement dit quand chaque grande ville avait son propre tour, mais également autant d'associations sinon plus que le football lui-même. Il est vrai que les temps ont entre-temps changé et comme toute autre discipline populaire, le cyclisme est envahi par le business, les médias et en attendant sa «populisation», la petite-reine doit d'abord se faire un public et c'est un peu ce qui expliquerait sans doute la mobilisation de moyens exceptionnels pour pénétrer les foyers. Le tour de France demeurant forcément le meilleur exemple sur ce plan. Et toujours selon le président de la Fédération algérienne de cyclisme, la manifestation de cette année en aura mobilisé des moyens... humains, matériels et autres équipements. Il serait alors question de 10 camions, 2 hélicoptères, 80 journalistes, 25 photographes, 60 véhicules caravanes-pub, 250 bénévoles, 120 véhicules accrédités, 1 camion-podium et des aménagements standards comme il s'en fait dans le reste du monde pour les épreuves du genre, des aménagements qui contribuent à faire de cette manifestation un rendez-vous sérieux pour la suite. Comme en témoignerait également, l'inclusion de trois importantes villes du pays qui, désormais, disposeront de leur tour : Blida (16-18), Sétif (19-21) et Constantine (22-24). Ces trois grandes villes constitueront, en plus et avec Alger et Oran, à l'occasion du GTAC des villes étoiles. Mais dans tout cela et ce quelle que soit l'euphorie ambiante, l'autosatisfaction et les autocongratulations des organisateurs, les satisfecits distribués ici et là, il ne faudrait surtout pas occulter le fait qu'au-delà d'être un évènement sportif, tout tour de cyclisme qui se respecte doit être obligatoirement accompagné d'un «plus» qui consiste à faire connaître l'histoire, les coutumes, les arts toutes natures confondues des régions traversées. Sinon, il ne s'agira encore une fois que d'un évènement sportif dont tout le monde ne gardera, sans doute beaucoup, que la dépense physique, les ennuis mécaniques durant le parcours et sans doute peu de la nature même des zones traversées et de l'incontestable beauté de certains d'entre les paysages. Quoi que le premier bénéfice de cette exigence légitime aille d'abord aux Algériens eux-mêmes dont la majorité ne connait pas son propre pays, avec l'édition de 2014 et à en croire les organisateurs en plus du matraquage médiatique, il est plus que probable que le GTAC-2014 constituera, en ce qu'il a mobilisé des moyens précédemment énoncés, la véritable date de naissance du cyclisme algérien. Il suffirait pour cela de regarder le nombre de pays qui y participent (16) et équipes (21), le nombre d'étapes (22) et la longueur du Tour (2 300km). A. L.