Les trains ne sifflent toujours pas dans les gares d'Alger et ses environs. La grève des cheminots, lancée lundi dernier pour des revendications salariales, continuait hier de paralyser le trafic ferroviaire, alors que les négociations entre les travailleurs et l'administration pour débloquer la situation sont toujours en cours. Ce mouvement de grève a paralysé la capitale et a obligé les usagers du transport ferroviaire à chercher d'autres moyens de transport. Les gares, noires de monde d'habitude, sont ces derniers jours totalement vides. Une seule phrase circulait au niveau des stations ferroviaires : «C'est la grève.» Une grève surprise, complètement inattendue et qui a laissé les citoyens livrés à eux mêmes. Le mouvement de grève a été lancé par le syndicat qui revendique le versement de 36 mois de rappel sur salaires à 12 000 agents de la Sntf. «Tout le monde est en poste, mais personne ne travaille. La grève, nationale et illimitée, continue. Nous ne reprendrons le travail que si l'entreprise répond favorablement à notre revendication», a expliqué à l'APS le secrétaire général de la section syndicale de la gare Agha, Abdelhak Boumansour. Les négociations, entamées lundi entre le syndicat des cheminots et la direction générale de la Sntf, qui se poursuivaient mardi, «n'ont pas encore abouti, provoquant ainsi la reconduction de la grève», a-t-il précisé. Interrogé sur les moyens de débloquer la situation, M. Boumansour a répondu que le directeur général de la Sntf s'était engagé, lundi lors des négociations, à soumettre la revendication de son personnel au ministère des Transports. Selon lui «la direction tente toujours de débloquer la situation avec le ministère des Transports. Nous attendons de connaître la réponse de la tutelle à notre revendication». Rappelons que depuis mai 2010 une nouvelle grille, portant le salaire de base de 12 000 à 15 000 DA, est en vigueur, l'application de cette augmentation rétroactive exige de la direction de l'entreprise le versement de 42 mois de rappel sur salaires. «Nous avons accepté la nouvelle grille des salaires, même si elle était en notre défaveur. Mais nous n'accepterons jamais que la direction de l'entreprise prenne la liberté de nous verser six mois de rappel en nous privant de trente-six autres mois», a soutenu M. Boumansour. La direction, pour sa part, reconnaît que le débrayage des travailleurs de la Sntf est dû à des revendications salariales. C'est ce qu'a expliqué lundi le directeur général de l'entreprise, Yacine Bendjaballah, assurant que «nous sommes en train de négocier avec les représentants des cheminots, qui demandent un rappel (des salaires) de 36 mois». Mais jusque-là six mois ont été versés entre janvier et mars 2014, et la direction de l'entreprise refuse de verser les 36 mois restants sous prétexte qu'elle n'a pas les moyens financiers nécessaires. Selon M. Bendjaballah, «la direction (de la Sntf) n'a pas les moyens (financiers) de satisfaire cette demande pour les 12 000 agents», que compte l'entreprise. Et d'ajouter : «Nous allons soumettre tout cela à la tutelle.» Face à ce refus de satisfaire leur revendication, les grévistes sont déterminés à poursuivre le mouvement jusqu'à satisfaction entière de leur demande. Et ils demandent à l'entreprise de faire appel à la tutelle si elle ne dispose pas de moyens financiers. Quant aux appels de certains pour assurer le service minimum le responsable dira : «Lorsque nous avons essayé d'assurer un service minimum, les grévistes se sont mis sur la voie ferrée.» Le responsable a exprimé son souhait de trouver un terrain d'entente avec les grévistes. «La grève se poursuivra, mais on espère que les employés reprendront le travail, cela dépend de la bonne volonté de tout le monde», ajoute M. Bendjaballah. Ce bras de fer risque donc de durer encore si aucune solution n'est trouvée, pénalisant ainsi les citoyens à qui on fait toujours payer la facture. A. K.