Le représentant de la diplomatie jordanienne en Libye, Fawaz Al-Itan, a été enlevé dans la journée d'hier à Tripoli, par des hommes armés dont on ignore toujours l'identité, ont indiqué les autorités libyennes. «Son convoi a été attaqué par un groupe d'hommes encagoulés, circulant à bord de deux voitures civiles», a déclaré Saïd Lassoued, porte-parole du ministère libyen des Affaires étrangères, repris par les médias. Les assaillants ont tiré sur son véhicule, blessé son chauffeur et extrait l'ambassadeur de sa voiture, a-t-il expliqué, précisant que l'attaque a eu lieu au moment où l'ambassadeur s'apprêtait à quitter son domicile. Aucune revendication n'a encore été formulée, mais les soupçons pèsent sur les groupes djihadistes dont certains de leurs éléments croupissent dans les geôles jordaniennes, selon plusieurs sources proches de Tripoli et d'Amman. Aussitôt confirmé, l'enlèvement de Fawaz Al-Itan a fait réagir le gouvernement jordanien, qui a clairement imputé la responsabilité de cet acte aux autorités libyennes qu'il a accusées de ne pas assurer convenablement la sécurité des étrangers sur son sol. Le chef du gouvernement, Abdallah El-Nsour a toutefois modéré son propos en rappelant les «relations solides entre les deux peuples frères, libyen et jordanien», ont rapporté les médias locaux, lors de son intervention devant les membres de la Chambre des députés à Amman. Abdallah El-Nsour a affirmé que son pays n'a aucune intention de «s'immiscer dans les affaires internes des autres Etats». Pour sa part, le président de la Chambre des députés, Atef Al-Tarawneh, a indiqué que «les parlementaires sont en attente de plus de détails» sur les circonstances de cet enlèvement et le sort du diplomate jordanien, qui n'est pas le premier représentant d'une chancellerie étrangère à être kidnappé en Libye, depuis la chute du régime de l'ancien guide Mouammar Kadhafi, tué par les rebelles en octobre 2011. En effet, les attaques ciblant les chancelleries étrangères en Libye se sont multipliées depuis celle sanglante attaque du 11 septembre 2012 contre le Consulat américain à Benghazi, au cours de laquelle, quatre Américains, dont l'ambassadeur, Chris Stevens, avaient péri. En janvier 2013, le consul d'Italie à Benghazi avait échappé à un attentat, son véhicule blindé essuyant des coups de feu. Cette série d'attaques visant les missions diplomatiques en Libye s'est poursuivie avec l'attentat en avril 2013 contre les bâtiments de l'ambassade de France à Tripoli qui avait fait deux blessés parmi les gardes français. L'ambassade russe à Tripoli avait également fait l'objet d'un assaut de manifestants, en colère contre une ressortissante russe qui avait tué un officier de l'armée libyenne. Cette attaque avait fait deux morts parmi les assaillants. Plusieurs autres actes de violence ont également été commis contre l'ambassade des Emirats arabes unis à Tripoli. Ces violences ont conduit de nombreux diplomates à fuir la Libye et certains pays à réduire leurs personnels diplomatiques à défaut de fermer carrément leur ambassade. L. M./Agences.