Mohamed Rahmani Les quelques rafistolages et «rapiéçages» entrepris çà et là sur le réseau routier très dégradé de la wilaya d'Annaba n'ont rien changé à la situation, les automobilistes empruntant ces voies en très mauvais état continuent de se plaindre. Du côté de la cité Safsaf ou encore à La Colonne, à la cité Rym, à Oued Forcha, les chaussées sont devenues impraticables. Des nids de poule, des cratères, des boursouflures et des affaissements constituent l'essentiel de ces voies assimilées par certains à du gruyère. Le quartier le plus touché et qui en souffre le plus, la cité Rym, particulièrement le tronçon la reliant au parc d'attraction, situé à quelque 500 m et qui n'est plus emprunté par les automobilistes et boudé par les taxis qui ne s'y hasardent plus. De grandes flaques d'eau, des trous béants et la gadoue omniprésents dissuadent les plus téméraires, obligés de faire un grand détour pour les éviter. Les trottoirs ne sont pas mieux lotis puisque, une fois les travaux effectués pour un raccordement (eau, électricité, téléphone ou gaz), on remet en place le tas de terre sans plus. Ce qui cause bien des désagréments aux riverains et aux piétons qui sont obligés d'emprunter la chaussée, avec tous les risques que cela induit. L'éclairage public fait aussi défaut dans certains quartiers qui sont plongés dans l'obscurité dès la nuit tombée. Des lampadaires aveugles éventrés d'où pendent des fils électriques près desquels des enfants jouent, des branchements illicites y sont effectués par les vendeurs établis dans des abris de fortune faits de tôle, de sacs en plastique et de bois. Des amoncellements d'ordures, des fruits et légumes pourris traînent un peu partout avec en prime des odeurs nauséabondes qui embaument tout le quartier particulièrement en été. Tel est le paysage qu'offre Annaba. Des kiosques bâtis à la hâte sur ces mêmes trottoirs sont très vite approvisionnés de marchandises de toutes sortes, tabacs, jouets, confiseries, recharges de crédits pour téléphones mobiles et parfois même des produits alimentaires et ce sans registre de commerce, sans contrôle aucun des agents de l'Etat ou des élus censés appliquer la loi. Ces commerces illicites se multiplient dans les cités populaires et dans les petites communes de la wilaya comme à Sidi Amar, Chaïba, H'Djar Eddis ou El Hadjar et Boukhadra au vu et au su de tous. La signalisation routière n'est pas en reste, des panneaux qui disparaissent, d'autres mal disposés ou invisibles parce que cachés par le feuillage des arbres, des contradictions entre les signalisations horizontale et verticale, des feux tricolores qui marchent par à-coups et des limitations de vitesse qui ne sont pas annulées sur plusieurs kilomètres après les panneaux les fixant. «Si vous respectez la limitation de vitesse à 30 km/h, vous risquez de rouler à cette vitesse jusqu'à Tlemcen parce qu'il n'y a pas de panneau mettant fin à cette limitation», nous dit un chauffeur de taxi. Les «rapiéçages» de la route et l'élimination des ralentisseurs se font la veille de la visite de quelque ministre sinon la situation demeure la même et à la longue se dégrade un peu plus. Comme cela a été le cas récemment du côté de la cité Seybouse à l'entrée est de la ville d'Annaba où comme par enchantement tous les trous avaient été colmatés et goudronnés. Pour les constructions illicites, on ne s'embarrasse plus, on en voit chaque jour de nouvelles qui squattent des terrains qui appartiennent à l'Etat. De véritables cités bidonvilles qui naissent, à Chaïba, H'Djar Eddis à El Hadjar, El Fakharine, Boukhadra, Bouguentas, sur les hauteurs de la plage Rizzi Amor... On ne les compte plus et c'est devenu quelque chose de tout à fait normal. Des terrains domaniaux sont détournés au profit de particuliers qui arrivent d'un peu partout et qui construisent leur habitation l'espace d'un week-end. Les autorités n'en ont cure. La ville d'Annaba, la vitrine dirons-nous, le Cours de la Révolution, le boulevard du 1er Novembre, la plage Fellah Rachid, les quartiers huppés, Beau séjour, Saint Cloud, Chapuis, les belles voitures rutilantes qui y circulent, la propreté et l'hygiène exemplaires de ces quartiers est la face visible, pour le reste c'est l'enfer, un enfer qui perdure et qui prend des proportions alarmantes. M. R.