Les retrouvailles des Palestiniens la semaine dernière a soulevé l'ire de l'Etat sioniste. Ce dernier qui qualifie le mouvement de résistance palestinien Hamas d'organisation terroriste, n'a pu admettre de voir les deux principales formations politiques palestiniennes décidées à sceller une nouvelle alliance. Hamas et l'autorité palestinienne ont signé un accord à Ghaza qui peut leur permettre de replâtrer leur cohésion et accomplir leur réconciliation nationale. Ce qui signifie pour l'Etat hébreu la fin des simulacres. Israël apparaît plus que jamais déterminé à consommer sa rupture avec les Palestiniens. Ces derniers semblent avoir tiré la leçon de longues décennies de négociations infructueuses et de multiples navettes, entre la Ligue arabe et les capitales occidentales, du quartet et des fausses promesses de la Maison-Blanche. Palestiniens, vers une réconciliation nationale ? Les Palestiniens ont pris acte de l'échec des discussions, suspendues par le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le 24 avril, au lendemain de la conclusion de l'accord de réconciliation entre l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) du président Mahmoud Abbas et le Hamas, au pouvoir à Ghaza, qui ne reconnaît pas Israël. «Pendant les pourparlers, la division était une arme utilisée tous les jours par Israël qui demandait ce que nous ferions au sujet de Ghaza», a expliqué le négociateur palestinien Saëb Erakat à la radio officielle Voix de la Palestine. «Quand nous avons commencé à y remédier par la réconciliation, Israël a exploité cela en disant que les efforts de paix étaient incompatibles avec la réconciliation. Si on ne peut faire la paix ni sans Ghaza ni avec Ghaza, c'est qu'il y a un objectif d'Israël : ne pas faire la paix. Ils veulent tuer la solution à deux Etats», a-t-il accusé. Le Conseil central palestinien, une instance dirigeante de l'OLP, a adopté dimanche un plan prévoyant la poursuite des démarches d'adhésion à une soixantaine d'instances de l'ONU et accords internationaux, après l'admission de la Palestine début avril à 15 conventions et traités internationaux. La direction palestinienne estime que le refus d'Israël de libérer le 29 mars comme prévu un dernier contingent de prisonniers, exigeant désormais une prolongation des négociations au-delà du 29 avril, l'a déliée de son engagement à suspendre toute initiative de ce type jusqu'à la fin des pourparlers. Le président palestinien Mahmoud Abbas a toutefois, condamné hier, le génocide juif, dans une déclaration sans précédent, peu avant le début des commémorations de la Shoah en Israël, et appelé le gouvernement israélien à conclure une paix «juste» avec les Palestiniens. «Ce qui est arrivé aux juifs durant l'Holocauste est le crime le plus odieux qui soit survenu contre l'humanité pendant l'ère moderne», a estimé M. Abbas, selon un communiqué de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), qu'il dirige, publié le jour où Israël va commencer ses commémorations. Ce n'est pas la première fois que le président palestinien, à qui il a été reproché d'avoir émis des doutes sur l'ampleur du génocide dans son doctorat obtenu à l'Université de Moscou en 1982, dénonce le «crime» de l'Holocauste. Une occasion idoine pour Abbas pour exhorter le gouvernement israélien «à saisir l'opportunité de conclure une paix juste et globale dans la région, basée sur une solution à deux Etats, Israël et la Palestine cohabitant côte à côte dans la paix et la sécurité». Israël persiste L'Etat sioniste a, comme d'habitude pris des mesures punitives contre les Palestiniens. Tel Aviv a annoncé hier le gel des projets de construction de logements palestiniens dans les 60% de la Cisjordanie occupée sous son contrôle total pour sanctionner les démarches des Palestiniens sur l'arène internationale. Le général Yoav Mordehaï, chef de l'administration militaire israélienne, a confirmé dimanche devant une commission parlementaire ce gel, qui concerne une série de projets précédemment avalisés par le ministre de la Défense Moshé Yaalon. «Ces projets portaient sur la construction d'environ 600 logements ainsi que sur la légalisation d'habitations érigées sans permis», a précisé un officier du ministère israélien de la Défense. L'administration militaire a également gelé cinq projets non autorisés soutenus par des fonds étrangers. Ces programmes portaient sur un terrain de jeux financé par le gouvernement italien, la modernisation de puits avec un financement suédois, la distribution dans deux cas de tentes par l'ONU ainsi que d'abris par une ONG française. «Nous suivons une nouvelle politique qui consiste à arrêter tout projet illégal financé par des dons étrangers et à porter immédiatement plainte auprès des consulats et ambassades des pays concernés», a ajouté ce responsable. Le député Tzahi Hanegbi, un proche de M. Netanyahu, a affirmé que le président américain Barack Obama avait raison de vouloir une «pause» dans les discussions. «Il faut attendre de comprendre la signification de l'accord de réconciliation palestinien», a déclaré M. Hanegbi à la radio militaire. «Israël doit agir avec retenue, intelligemment et ne pas faire le jeu des Palestiniens en les aidant à sortir du piège dans lequel ils sont tombés», a-t-il ajouté. Il a ainsi rejeté l'idée d'une annexion des 60% de la Cisjordanie sous contrôle total israélien prônée par Naftali Bennett, ministre de l'Economie et chef du «Foyer juif» un parti pro-colon, ainsi que par le ministre des Communications Gilad Erdan, un autre proche de M. Netanyahu. Selon le commentateur de la radio publique, le Premier ministre «joue désormais la carte du Congrès américain pour empêcher toute possibilité de dialogue des Etats-Unis et des Européens avec le futur gouvernement palestinien censé être composé de technocrates et reconnaître Israël». Washington, la fuite en avant Les Etats-Unis qui parrainaient les pseudo-négociations, semble aujourd'hui éjecté de la partie. Washington qui a épuisé toutes les solutions pour convaincre son indéfectible allié de faire de petites concessions n'en a obtenu que des violations à répétition des droits des Palestiniens et de la spoliation de ce qui leur restait de terre. «La création de deux Etats sera la seule solution réaliste. Parce qu'un Etat unitaire finirait par être soit un Etat d'apartheid avec des citoyens de seconde classe, soit un Etat qui détruira la capacité d'Israël d'être un Etat juif», a déclaré M. Kerry, selon le Daily Beast. «Une fois ce scénario à l'esprit (...) vous comprenez combien il est impératif d'arriver à une solution à deux Etats, à laquelle les deux leaders, encore, ont réaffirmé leur attachement», a-t-il dit. Un qualificatif que John Kerry et le président Barack Obama se sont abstenus à utiliser jusqu'ici. Toutefois cet adjectif n'effraye pas l'ancien président des Etats-Unis Jimmy Carter. Ce dernier a déjà intitulé son livre sur le sujet publié en 2006 «Palestine : la paix, pas l'apartheid.» Ce qui n'empêche pas le secrétaire d'Etat américain d'exprimer son espoir de voir renaître le processus de paix. Selon sa déclaration au site d'information américain le Dialy Beast, il serait prématuré d'enterrer le processus de paix. M. S.