En Algérie, le secteur du bâtiment (le résidentiel et le tertiaire), consomme plus de 40% du total de l'énergie, et c'est dans ce contexte, que l'Etat a promulgué le 24 avril 2000 un décret exécutif (n°2000-90) portant réglementation thermique dans les bâtiments neufs, et ce, en application de la loi 99-09 relative à la maîtrise de l'énergie dans le secteur du bâtiment. Afin d'y associer une optimisation des pratiques, un projet pilote a été ainsi mis en place à Souidania, privilégiant l'utilisation de matériaux locaux et de sources alternatives d'énergie. Le projet pilote MED-Enec de Souidania a été pensé, afin de réunir ces conditions, du stade de la construction à celui de l'utilisation. Les résultats du projet ont démontré que la consommation énergétique du bâtiment a été réduite de 56%, tout en mettant en valeur les techniques de construction traditionnelles, souvent optimales en matière énergétique. Ainsi, l'utilisation d'adobes (briques de terre séchée), de la lumière naturelle, l'orientation optimale du bâtiment ou encore la ventilation naturelle en période estivale ont permis d'allier au sein d'un même projet les aspects culturel, écologique et économique. Le temps de rentabilité du projet, il faut le signaler, a été estimé à 86 ans, dû à un surcoût de plus de 40% (plus de 300 000 DA). Il faut signaler aussi que ce projet prototype s'inscrit dans le cadre d'un programme national visant la construction de 600 logements bioclimatiques dans 11 wilayas du pays, à savoir Alger (50 logements), Blida (80), Skikda (50), Mostaganem (82), Oran (80), Sétif (54), Djelfa (80), Laghouat (32), El Oued (36) et enfin Béchar et Tamanrasset (30) chacune. Il s'agit d'une opération qui a pour intérêt de passer d'un logement «énergivore» à un logement de «haute qualité environnementale» et de «haute efficacité énergétique», grâce à l'éco-conception et à l'introduction des principes bioclimatiques et d'efficacité énergétique. D'autres projets visant la rénovation thermique de 4 000 autres logements existants sont aussi inscrits dans le programme quinquennal 2010-2014. Un plan baptisé «Eco-Bat» a été également lancé par l'Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (Aprue) pour la période 2010-2014 dans l'optique de soutenir les coûts des travaux de montage de vitres pour l'isolation thermique des logements. Plus de 16 000 m2 de vitres pour l'isolation thermique sont ainsi prévus, à commencer par l'équipement des établissements publics, les écoles, les structures de santé et les hôtels, avant de généraliser l'opération au grand public. Ces initiatives sont louables, selon certains spécialistes qui n'ont toutefois pas manqué de signaler que l'éco-construction a un grand retard en Algérie. L'investissement dans ce secteur reste également très faible, de l'avis de ces spécialistes. L'Algérie qui est sur la voie de développer son parc de logements, à la faveur des différents programmes mis en œuvre (Aadl2, LPP, LPA...) dans le cadre du présent plan quinquennal, mais aussi dans le cadre du plan 2014-2019, avec l'objectif d'atteindre des résultats d'ordre quantitatif, devrait s'inscrire dans une nouvelle vision basée sur davantage de rationalisation dans la consommation énergétique dans cet important secteur. Ainsi, il s'avère clair que l'augmentation de l'efficacité énergétique, l'intégration des énergies renouvelables et l'atténuation des impacts climatiques, par la réduction des émissions de gaz à effet de serre, constituent les principaux défis à relever, et ce, afin d'atténuer la pression sur les ressources (énergie, eau, matériaux,...) et, partant, baisser la facture énergétique des ménages et de l'Etat, et surtout créer des milliers d'emplois dans le domaine de la conception écologique. B. A.