Des centaines de déplacés ont organisé en fin de semaine un vaste rassemblement à Benghazi pour dénoncer les violences opposant les milices Zenten aux groupes islamistes de Misrata à Tripoli, imputant la responsabilité de cette anarchie au gouvernement de transition. Les manifestants estiment que c'est aux dirigeants actuels de la Libye que revient la responsabilité du chaos, mais ils leur exigent de les indemniser dans les pertes matérielles subies à cause des combats et bombardements anarchiques des miliciens sur les zones résidentielles. Des bombardements qui ont fait des dizaines de victimes civiles et poussé des milliers d'autres personnes à fuir leurs maisons pour se réfugier dans les zones épargnées par les combats ou, carrément, passer de l'autre côté de la frontière, en Tunisie ou en Egypte principalement. Les autres villes libyennes sont aussi passées à l'action, accentuant la pression sur l'actuel exécutif, embourbé dans une crise politique et sécuritaire, pendant que de nouvelles initiatives politiques tentent de sortir le pays de l'anarchie. Ainsi, à Benghazi, où l'ancien général dissident Khalifa Haftar est en guerre contre Ansar al-Charia, un Conseil d'al-Choura (obédience islamiste) vient de voir le jour pour le «renforcement des institutions de l'Etat et le respect des lois, mais aussi pour imposer la paix et la sécurité dans notre ville», selon le texte fondateur de cette organisation qui veut faire de la loi islamique (la charia) le seul référent pour tout règlement en justice des conflits. Parallèlement, des organisations de défense des droits de l'Homme libyennes dénoncent de multiples dangers qui guettent les civils, surtout à Tripoli où les violences sont montées d'un cran samedi et hier. Les milices Zenten, qui contrôlent l'aéroport de Tripoli depuis la chute de Kadhafi en 2011, ont livré des combats acharnés aux milices islamistes venues de Misrata, au niveau d'un pont stratégique, reliant la ville à ce site. Des armes lourdes et des missiles ont été utilisés, dont certains ont fini dans des quartiers résidentiels de la périphérie de la capitale, faisant des morts. Mais aucun bilan officiel n'est disponible à l'heure actuelle, en raison de la confusion qui règne dans la ville et l'impossible accès aux zones de combats. La mission locale de l'ONU (Unsmil) a d'ailleurs «vivement dénoncé le bombardement de quartiers résidentiels, les pertes parmi les civils, qui ont été contraints à la fuite, et les dommages causés à leurs propriétés», lit-on dans un communiqué, repris par les médias libyens. Loin des combats à Tripoli, le Parlement libyen poursuit ses réunions à Tobrouk à un rythme effréné, pour essayer de mettre en place les mécanismes législatifs nécessaires à l'achèvement du processus de transition politique. Sur le plan diplomatique, l'Espagne a lancé un appel samedi pour la tenue d'un sommet méditerranéen, le 17 septembre prochain. L'initiative vient de la part du chef de la diplomatie espagnole, en marge d'une réunion à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Union européenne. L. M.