L'otage français, Hervé Gourdel, enlevé dimanche dernier par un groupe dissident d'Aqmi (Al-Qaïda au maghreb islamique) qui vient de rallier le nouveau groupe Daech (Etat Islamique), a été décapité après l'expiration de l'ultimatum fixé par ses ravisseurs. Ces derniers ont posté hier une vidéo sur les sites djihadistes montrant la décapitation de l'otage. Intitulée «Message de sang pour le gouvernement français», la vidéo débute par des images de François Hollande prises au cours de la conférence de presse durant laquelle il a annoncé la participation de la France à la campagne de frappes contre l'Etat islamique en Irak. Elle montre ensuite l'otage, agenouillé les mains derrière le dos, entouré de quatre hommes armés dont les visages étaient masqués. Avant l'exécution, l'un des hommes a lu un message dans lequel il a dénoncé l'intervention des «croisés criminels français» contre les musulmans en Algérie, au Mali et en Irak notamment, et a affirmé qu'au terme du délai accordé à la France pour cesser sa «campagne contre l'Etat islamique et sauver son ressortissant», le groupe a décidé de le tuer «pour venger les victimes en Algérie (...) et en soutien au califat», proclamé par l'EI sur les régions qu'il contrôle en Irak et en Syrie. Les ravisseurs de Hervé Gourdel, Jound Al-Khilafa (les soldats du califat), avaient menacé lundi dernier de tuer l'otage si la France ne renonçait pas «sous 24 heures» à ses frappes aériennes en Irak, un ultimatum rejeté le lendemain par le président François Hollande. «Aussi grave que soit cette situation, nous ne cèderons à aucun chantage, aucune pression, aucun ultimatum, fût-il le plus odieux, le plus abject», avait déclaré à New York le Président français. «Nous accomplirons notre devoir (...). Nous continuerons les frappes dans les jours qui viennent, bien évidemment», avait également indiqué dans la soirée à Paris le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Dès l'annonce de l'exécution de Hervé Gourdel, et sans attendre l'authentification de la vidéo de la décapitation du guide touristique, plusieurs personnalités politiques françaises ont réagi. Depuis l'Assemblée nationale, le Premier ministre a été le premier à s'exprimer. Manuel Valls n'a pas confirmé la mort de l'otage. Il a cependant précisé que des informations sur la mort d'Hervé Gourdel lui avaient été transmises à la mi-journée. Il était attendu hier que le président François Hollande s'exprime sur cette exécution. En Algérie, aucune information officielle n'est venue confirmer l'exécution de l'otage. Cependant et depuis la confirmation du rapt du touriste français, ce guide de haute montagne qui participait à un trekking, l'Armée nationale populaire (ANP) a mobilisé près de deux mille hommes pour ratisser toute la région dans l'espoir de retrouver l'otage. De nombreux barrages de la gendarmerie ont été mis en place sur la route qui traverse le massif montagneux dans lequel le Français avait disparu. Malgré l'annonce de son exécution par une vidéo toujours non authentifiée, le ratissage effectué par l'armée se poursuit dans les montagnes de Kabylie afin d'anéantir le groupe terroriste de Jound Al Khilafa. Ce groupe, qui a fait allégeance en août dernier au groupe Etat islamique, avait à cette époque et dans un communiqué annonçant avoir quitté Al-Qaïda, affiché son soutien à l'EI, auquel il a affirmé sa disposition à «obéir au doigt et à l'œil», selon le texte. «Si tu disposes de plusieurs armées en Irak et d'une armée en Syrie, considère que tu disposes en Algérie de lances que tu peux tirer dans n'importe quelle direction», est-il écrit dans le texte à l'adresse du chef de l'EI. Et pour montrer sa subordination, Jound Al-Khilafa a décidé de mener sa première action avec le rapt du Français Gourdel, quelques heures seulement après l'appel de l'EI à tuer des citoyens des pays appartenant à la coalition internationale mise en place pour combattre ce groupe en Irak et en Syrie. Le leader de cette branche du Daech en Algérie est Gouri Abdelmalek, dit Khaled Abou Souleïmane. Il était le commandant d'Aqmi pour la région centrale et a été condamné à mort par contumace en 2008 pour plusieurs attentats. Abou Souleïmane a récemment annoncé, via Internet, qu'il rompait avec Al-Qaida et prêtait allégeance à Daech. Sur des sites djihadistes, Abdelmalek Gouri proclamait aussi la création des «Soldats du califat». Il aurait été rejoint, selon ses dires, par un autre commandant d'Aqmi dans l'est de l'Algérie. Il est à noter, enfin, qu'après la mort d'Hervé Gourdel, il s'agit maintenant pour l'armée algérienne de retrouver ses ravisseurs. Une tâche qui s'annonce particulièrement compliquée car les hommes de Jound Al-Khilafa ont enlevé le Français dans une zone montagneuse très boisée. Rappelons que dix soldats ont trouvé la mort en avril dernier dans une embuscade tendue par un groupe armé dans cette région. H. Y.