Les cours du brut cotaient, hier matin, non loin de 78 dollars, un seuil franchi dans la nuit après l'annonce d'une forte décrue des réserves américaines de pétrole . A 10H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre (devenu ce jour le nouveau contrat de référence) perdait 40 cents par rapport à la clôture de jeudi à 75,83 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE). Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril cotait 77,33 dollars, en baisse de 23 cents. Sur ce marché, le baril s'est envolé à 78,17 dollars vendredi vers 01H00 GMT, son niveau le plus haut depuis la mi-octobre 2008. A Londres, les cours ont grimpé jusqu'à 76,77 dollars, un plus haut depuis la même date. Les prix du baril de pétrole ont bondi au-delà de 77 dollars jeudi à New York, la chute des stocks d'essence aux Etats-Unis apaisant les craintes du marché quant à l'excès actuel de l'offre. Alors qu'ils évoluaient depuis début trois mois dans la fourchette des 65-75 dollars, les cours de l'or noir se sont brutalement échappé, alignant des pics tout au long de la semaine. Depuis le 1er octobre, les prix ont ainsi gagné plus de 10% de leur valeur. Pour les analystes de Barclays Capital, "la transition des prix vers une fourchette de 70 à 80 dollars est en train de s'opérer". Jeudi, l'ascension des cours du brut s'est fortement accélérée à la faveur des annonces faites par le Département américain de l'énergie. Celui-ci a révélé une chute massive des réserves américaines d'essence (5,2 millions de barils), ainsi qu'une baisse de 1,1 million de barils des stocks de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage). Les stocks de brut ont quant à eux progressé, mais moins qu'attendu (de 400.000 barils). "Malgré une demande qui reste mitigée, la chute de l'offre contribue à faire baisser les stocks américains", ont résumé les analystes de Morgan Stanley. Si les réserves de brut ont augmenté de 400'000 barils, un peu moins qu'attendu, celles d'essence ont plongé de 5,2 millions de barils, à la surprise des analystes du secteur qui tablaient sur une hausse. Les stocks de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont en outre baissé plus que prévu, de 1,1 million de barils. "On a une très forte chute de l'offre, cela soulage les inquiétudes sur les capacités de stockage qui pèsent sur le marché", a expliqué Antoine Halff, de Newedge Group. "Cela reporte dans le temps la crainte de manquer de place". Mais "la toile de fond reste la même, l'offre est abondante et la demande faible", a-t-il nuancé, estimant que les cours devraient rencontrer une résistance proche. "Les dernières statistiques américaines sont extrêmement positives (pour les prix, ndlr), au sens où elles inversent complètement l'effet cumulé négatif des précédents rapports", juge Paul Horsnell, analyste chez Barclays Capital. Au cours des deux dernières semaines, le Département américain de l'énergie avait inquiété le marché sur l'état de la consommation américaine, en révélant des niveaux records de stocks de produits distillés (diesel et fioul de chauffage). "La réaction positive du marché à ces chiffres ne tient pas compte du fait que les raffineries ont la plus grande peine à faire des bénéfices en ce moment, essentiellement parce que la demande ne se redresse pas encore", observe toutefois Philip Wiper, analyste chez PVM. L'activité des raffineries américaines est tombée à 80,9%, son niveau le plus bas depuis mai. "Le tableau de la demande reste très sombre, avec une chute de 10,8% (moyenne des quatre dernières semaines) comparé au niveau de l'an dernier", précisent les analystes de JBC Energy. Les cours de l'or noir restent également soutenus par la faiblesse du dollar, qui s'échangeait vendredi non loin de 1,50 dollar pour un euro, près d'un plus bas depuis 14 mois. La dépréciation de la devise américaine incite les investisseurs à acheter des matières premières pour se prémunir contre l'inflation et diversifier leur portefeuille. "Le marché anticipe de l'inflation et un dollar qui reste faible", a renchéri Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. "Je ne vois aucune mesure prise par le gouvernement qui pourrait le renforcer". S.G.