La 6e édition du Festival international de danse contemporaine d'Alger, placé sous le signe du partage, s'est poursuivie lundi soir dernier, avec au programme cinq troupes du Burkina Faso, de Chine, de Grèce et d'Algérie. La soirée a débuté avec le duo de danseurs Hennani Aïssa et Salhi Nadjib de la compagnie algérienne Nuance, qui a présenté le spectacle baptisé «L'ombre et la vérité». Le spectacle commence dans une ambiance feutrée où se dessinent les silhouettes des danseurs qui sont, au fur et à mesure, de plus en plus éclairés sur une musique originale composée pour le spectacle. D'une posture de contemplation les corps se meuvent tels des automates avant de se mouvoir avec des gestes énergiques dans l'espace. Au fur et à mesure du spectacle à travers différentes figures, ils explorent l'espace avec la plus grande précision dans l'expression corporelle qui se meut dans une gestuelle joviale. Brusquement cette allégresse se transforme en une atmosphère oppressante où les corps des danseurs se déchaînent dans un tourbillon de mouvements déconcertant et envoûtant. Puis au final, les corps s'affaissent sur les sièges illustrant ainsi l'éternel cycle de la vie. Puis ce fut au tour de la compagnie grecque d'explorer un nouvel univers philosophique. Sur scène la danseuse apparaît pieds nus, avec un tronc d'arbre entre les mains. Dès les premiers mouvements de danse, le tronc d'arbre devient l'élément central de la chorégraphie tel un partenaire, il tournoie dans tous les sens jusqu'à ce qu'il tombe à même le sol. Défiant les lois de l'apesanteur la danseuse se relève dans des mouvements lents avant de dénouer sa longue chevelure et effectuer des mouvements circulaires, tels les derviches tourneurs. La danseuse grecque surprendra le public quand elle sortira sa cornemuse pour interpréter une musique puisée du répertoire grecque. A travers cette nouvelle production intitulée A solo for an harp, a woman and a Deer - conçue spécialement à l'occasion du 6e Festival de la danse contemporaine, un voyage à travers les personnages féminins de la mythologie grecque est divinement proposé. La chorégraphe grecque Maria Koliopoulou, confie qu'elle a été inspirée par le titre Une chambre à soi de l'écrivaine et féministe anglaise Virginia Woolf. «Le spectacle est destiné spécialement aux femmes qui se battent dans le monde. La femme se bat au quotidien. Le bois est lui aussi témoin de toutes les civilisations», dira-t-elle. Puis ce fut au tour de la troupe Yam-Ka-Ni du Burkina Faso de présenter un spectacle époustouflant Macardey, où les figures contemporaines sont inspirées de la tradition burkinabé. Dans une harmonie subtile, l'identité ancestrale sublime la créativité originale, autour de la thématique des enfants démunis et vivant dans la rue. Le spectacle allie chant et musique traditionnelle à une expression corporelle contemporaine, il raconte la vie d'un enfant des rues. Nikiema Boukaré, chorégraphe et directeur de la compagnie burkinabé Yam-Ka-Ni confie après le spectacle sur sa source d'inspiration : «Nous avons en Afrique une culture riche et variée. Il y a une grande diversité, une diversité telle qu'on peut en faire un matériau de création. Si j'utilise le patrimoine dans mes spectacles, c'est pour répondre à ceux qui tournent le dos à notre culture, notre histoire et notre identité africaines, à ceux qui miment ce qui se fait en Occident. Notre but est de valoriser l'identité africaine.» Après Yam-Ka-Ni, c'est au tour de Dream Team de Tizi Ouzou de présenter au public Qu'il pleuve ! Le spectacle exprime les différentes émotions que traverse l'homme au contact de la pluie. La soirée a été clôturée avec les danseurs de Dance College of Shanghaï Theater Academy qui ont gratifié le public d'un spectacle haut en couleurs, où la danse contemporaine est sublimée par l'art millénaire de la danse chinoise où la souplesse, la grâce et la fluidité des mouvements a ensorcelé les présents. S. B.
