Le dialogue inclusif inter-malien d'Alger reprendra aujourd'hui, selon des sources proches du dossier. Dans sa quatrième phase, il sera question d'écouter les réponses des parties en conflit autour du document de base que la médiation algérienne a proposé à l'issue du troisième round, qui s'est déroulé du 17 au 20 octobre dernier. Mais, d'ores et déjà, la suite de ce dialogue de paix entre les autorités de Bamako et les groupes politico-armés du Nord-Mali s'annonce des plus difficiles, pour ne pas dire des plus périlleuses, pour l'ensemble des acteurs impliqués dans ce processus. Outre le rejet de certains points inscrits dans ledit document de synthèse, la récente sortie médiatique du Premier ministre malien a fait grincer des dents. Le controversé chef du gouvernement malien, Moussa Mara, a provoqué lundi l'ire des leaders des groupes politico-militaires du Nord en déclarant : «Nous n'acceptons plus qu'une dizaine de personnes qui portent des armes prennent tout un pays en otage», selon le quotidien malien L'indicateur du renouveau. Les propos de M. Mara ont suscité en effet l'indignation des représentants de la Coordination des mouvements de l'Azawad. Selon la même source, les chefs du Haut conseil de l'unité de l'Azawad (Hcua), du Mouvement Arabe de l'Azawad (MAA) et du Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla) pensent que le Premier ministre semble avoir autre agenda que celui du président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta. «Nous pensons que Mara a un agenda différent de celui de son chef IBK, sinon à chaque fois qu'on s'approche de la paix, c'est lui qui s'oppose. Nous ne pouvons pas continuer à supporter ses insultes à notre égard. Car, nous estimons qu'il est loin d'être un interlocuteur crédible pour arriver à un accord. Mara est l'obstacle de la paix», a déclaré un membre de cette coordination au quotidien malien, accusant le Premier ministre de ne pas jouer la carte de l'apaisement. «Nous désapprouvons le comportement de Mara. Nous avons l'impression qu'il est loin de connaître la situation. Et nous constatons qu'il n'a pris la leçon des événements de mai à Kidal», a ajouté la même source. Toutefois, au-delà de ces propos jugés injurieux et qui risquent de compromettre la tenue du quatrième round du dialogue d'Alger, le discours de M. Mara tranche avec toute possibilité de mise en œuvre du projet d'un Etat fédéral au Mali. «L'armée nationale sera nationale, la police nationale sera nationale, la diplomatie sera nationale, la monnaie sera nationale, les frontières seront nationales dans les limites reconnues internationalement, l'Etat sera national, républicain, laïc et démocratique. Cela n'est pas négociable et on le comprend parfaitement», a-t-il insisté en effet dans son discours au Centre international de conférences de Bamako, a repris la presse malienne. Autrement dit, il s'agit d'un rejet en bloc de toutes les revendications émises par le Mnla et ses alliés, qui exigent un statut politique et juridique particulier pour l'Azawad, comme condition nécessaire à la fin de ce conflit qui dure depuis six décennies. Aussi, l'offensive de l'armée malienne de ces derniers jours et les attaques récentes du Groupe d'autodéfense des touaregs de l'Imghad et alliés (Gatia) contre les positions du Mnla ont provoqué de nouvelles tensions dans le Nord-Mali, risquant de compromettre toute sortie de crise par la voie diplomatique. L. M.