Une réunion sur la crise alimentaire se tient depuis hier à Madrid avec la participation des représentants de 95 pays, ont indiqué les agences de presse. Les participants vont tenter de concrétiser les engagements pris lors du sommet de Rome durant lequel les pays membres de la FAO s'étaient engagés à réduire de moitié d'ici à 2015 le nombre de personnes souffrant de la faim. Le monde, secoué par une crise économique aiguë, risque de connaître une accentuation de la crise alimentaire qui a fait des ravages l'année dernière. «Les prix de l'alimentation, combinés à l'impact de la crise financière, ne font qu'aggraver les difficultés du monde en développement», analyse la Banque mondiale (BM). «Nous nous attendons à ce que la grande volatilité des prix se poursuive, et que les pauvres soient les plus durement touchés, puisqu'ils consacrent la moitié de leurs revenus à l'alimentation», prédit la première responsable de la BM, Mme Ngozi Okonjo-Iweala. Le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, a abondé dans le même sens hier. Intervenant à l'ouverture de la réunion de Madrid, il dira que la situation alimentaire mondiale risque de s'aggraver en conséquence de la crise financière et de la baisse des prix agricoles. «La crise [alimentaire, ndlr] reste d'actualité et risque de s'aggraver», a prévenu le responsable qui explique que «la contraction des prix agricoles et l'incertitude financière risquent de ralentir les investissements des agriculteurs et impliquer une importante réduction de la production en 2009/2010». La réunion de Madrid, selon Diouf, «est une occasion pour faire des annonces concrètes» après les promesses faites l'an dernier au sommet de la FAO de Rome, a encore souligné M. Diouf. Les Etats-Unis, de leur côté, sont favorables à «un nouveau partenariat» avec les autres pays, l'ONU et les ONG pour combattre la faim dans le monde. C'est ce qu'a déclaré la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, dans un message vidéo diffusé hier à l'ouverture de la conférence internationale de Madrid. «L'insécurité alimentaire et les prix alimentaires élevés menacent la prospérité et la sécurité de beaucoup de pays en développement», a affirmé Mme Clinton. «Nous nous engageons à développer un nouveau partenariat avec les pays donateurs, les pays en développement, les agences de l'ONU, les ONG, le secteur privé et les autres, afin de mieux coordonner les politiques pour parvenir aux Objectifs du millénaire», a-t-elle affirmé. Il y a lieu de dire que 13 millions de personnes ont déjà bénéficié d'aide depuis mai, à travers des centres de distribution, des systèmes de rémunération, et la distribution de semences et d'engrais à de petits exploitants, notamment au Kirghizstan, au Tadjikistan, en Somalie, au Niger, en Ethiopie et au Togo, selon la Banque mondiale, laquelle a décidé de porter de 4 à 6 milliards de dollars annuels jusqu'en 2010 ses prêts destinés à l'agriculture et à l'alimentation. D'ici à juillet, l'institution multilatérale prévoit d'approuver 4 milliards de dollars de nouveaux projets, sans compter un autre milliard débloqué par la Société financière internationale (IFC/SFI). S. B.