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Bénie soit la crise du pétrole !
Des députés s'en alarment, le gouvernement rassure, Laksaci sonne
Publié dans La Tribune le 17 - 12 - 2014

On a vu des députés, alarmistes en diable, redouter la famine en Algérie, consécutivement à la chute continue des prix du pétrole. On a entendu des ministres concernés par la facture financière rassurer les Algériens pour mieux se rassurer eux-mêmes. On a observé aussi des politiques du pouvoir crier au complot ourdi contre notre pays par une coalition du mal américano-saoudienne.
On a lu également un rapport réaliste de la Banque d'Algérie qui tire la sonnette d'alarme tout en soulignant les capacités de l'Algérie à absorber, à moyen terme, le choc de la baisse des cours. Et on a surtout remarqué des opposants et autres observateurs ravis, tels des Cassandre, de la tendance baissière depuis juin dernier de la valeur du baril. Pis encore, ces Nostradamus, dont la jubilation est indexée sur la dépréciation du brut, ont même pensé que la réduction drastique des revenus pétroliers ferait le lit de la chute du régime. Manifestement, les uns et les autres n'ont pas la même lecture de la crise et ne possèdent pas les mêmes convictions ou les mêmes certitudes. Mais à y regarder de près, si la morosité des marchés du Brent, du Crude ou du Sahara blend a de quoi inquiéter, la crise subséquente a, paradoxalement, quelque chose de positif.
De réjouissant même, mais pas pour les mêmes raisons que les oiseaux de mauvaise augure. Bénie soit alors la crise du pétrole !
La crise, c'est d'abord certains chiffres. Une facture des importations en hausse constante depuis 2009, qui va exploser en 2015, pour atteindre, selon les prévisions officielles, 65 milliards de dollars. Elle était de 55 milliards USD en 2013. Sans compter l'enveloppe des importations de services située entre 10 et 12 milliards de dollars entre 2009 et 2013. L'importation des biens était en progression de près de 7% l'année dernière. Toutes ces augmentations se sont effectuées alors même que les exportations d'hydrocarbures étaient en baisse sur la même période de 2009 à 2013. Ces indicateurs, qui sont passé du vert à l'orange, ensuite au rouge, ont effectivement de quoi inquiéter. Dans un premier temps, un œil rivé sur les réserves de change, l'autre sur le Fonds de régulation des ressources (FRR), le ministre de l'Energie s'est voulu rassérénant en affirmant que le pays possède des «amortisseurs qui nous
permettraient en cas de crise de préserver les équilibres financiers». Mais la crise est déjà là même si le pays possède encore des marges financières de compensation qui permettent de résorber les déficits budgétaires. C'est ce que dit pour sa part le gouverneur de la Banque centrale lorsqu'il souligne que le matelas de devises et l'épargne du FRR «permettent au pays de faire face au choc». Prudent et réaliste, il met toutefois un bémol en soulignant, bon sens oblige, que «cette capacité à résister aux chocs se dissipera si les cours du pétrole restaient à des niveaux bas pendant longtemps». Aujourd'hui et demain, sans doute, mais pas pour après-demain si la tendance baissière ne serait pas un phénomène conjoncturel mais une tendance durable.
Pour le moment, les recettes cumulées des réserves de change et du FRR donnent du répit et permettent d'absorber tous les déficits, notamment de combler le déficit global du Trésor public, comme en 2012 où il équivalait à 25% du PIB. Soupape de sécurité sous forme de bas de laine, les avoirs du FRR ont servi depuis sa création et jusqu'en 2005 à payer par anticipation la dette publique de l'Etat. Mais depuis 2006, le Fonds est voué exclusivement à combler le déficit budgétaire, induit par les programmes quinquennaux de développement et à payer les régimes indemnitaires et les statuts particuliers. Cette manne est créditée à fin 2014 de 60 milliards de dollars.
Ce confort financier, qui réconforte les gens du gouvernement et les conforte dans leur discours rassurant, est toutefois trompeur.
Car que ferions-nous si on parvenait à épuiser nos réserves alors même que la baisse des revenus serait une tendance lourde sur le long terme ? Sachant que le cap de dépenses semble avoir été maintenu, en tout cas pour l'instant, en matière d'équipements lourds, de transferts sociaux et de maintien du coût de la facture sociale, les signaux négatifs doivent être mis à profit pour dépenser moins, mieux et autrement. Sauf retournement de la conjoncture et remontée mécanique des cours, grâce à une économie mondiale moins morose et un assèchement des stocks d'hydrocarbures disponibles, le maintien de la logique dépensière aux niveaux projetés sur les cinq années à venir, serait de mauvais aloi. Dangereux même pour les équilibres financiers du pays, garants eux-mêmes de la paix sociale et de la stabilité politique. Confort en trompe l'œil, les réserves de change ne peuvent couvrir que 35 mois d'importation.
Ne pas l'oublier.
Or, à en croire le ministre de l'Habitat, un des hommes les mieux avertis du sérail, on ne s'achemine pas vers une politique d'austérité, encore moins vers une économie de guerre, comme l'avait envisagé en son temps Belaïd Abdesselam, alors chef du gouvernement d'un pays désargenté, en crise politique et déstabilisé par le terrorisme naissant.
Pas un mètre carré d'habitation ne sera sacrifié dans le programme de résorption de la crise de logement en Algérie, a-t-il affirmé, en guise d'exemple de la volonté de maintenir le seuil des dépenses.
Et, apparemment, il n'y a pas que le secteur de l'habitat qui est concerné par la volonté de faire comme si de rien n'était et comme si l'on tablait sur un changement favorable de conjoncture, à plus ou moins moyen terme. Et c'est Abdelmadjid Tebboune qui l'affirme : c'est le président de la République lui-même qui a «ordonné la poursuite du processus de développement national dans tous les secteurs». Autrement dit, «messieurs-dames, pas de panique, il y a encore de l'argent dans les caisses, il ne faudrait donc pas désespérer car dieu y pourvoira», semble-t-on dire.
Mais qu'on le veuille ou non, le temps est donc venu de mettre à profit la mauvaise conjoncture pour procéder déjà à des arbitrages raisonnables et bien réfléchis en matière de grandes dépenses. Soit en abandonnant certaines, en reportant d'autres ou en les réduisant. Comme les projets de tramways dans le Sud ou encore l'autoroute des Hauts-Plateaux. Réfléchir surtout à d'autres modes de financement des projets en tablant sur un partenariat public-privé sur la base de la sacro-sainte règle du 51/49. En somme, apprendre à gérer et à affecter autrement les ressources. Comme, par exemple, de ne pas faire
bénéficier tout le monde, c'est-à-dire les riches, les pauvres et les classes moyennes des prix subventionnés.
Autre exemple, améliorer les capacités de recouvrement de l'impôt.
Par conséquent, exiger des barons de l'informel de payer toutes les taxes nécessaires et les charges sociales. 40% au moins de l'économie algérienne relève du marché noir et, faut-il le rappeler, l'informel ce n'est pas seulement les vendeurs à la sauvette et les porteurs de cabas.
En matière de cotisations sociales, la Cnas ne perçoit que 50% de ce qui est dû. Si on considérait les importations, avec un volume de 60 milliards USD, soit plus de 5 000 milliards de DA et les taux minimum de TVA et de Droits de douane (17% et 15%), cela fait plus de 1 000 milliards de DA. Ajoutez l'impôt sur le bénéfice pour les opérations de gros et de détail, et vous retrouverez presque l'équivalent de la fiscalité pétrolière ! Comme quoi, des idées, des solutions et des marges de manœuvres confortables, il y en a. Et, surtout, il n'y a pas de fatalité économique ou de malédiction financière.
N. K.


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