Depuis longtemps souhaitée, au sein même dans la Ligue par le représentant permanent de la Libye, l'idée de cette réunion entre les membres permanents du groupe nait au lendemain du torpillage du terminal pétrolier d'Al Sedra, l'un des plus grands centres dans le Croissant pétrolier, il y a moins de deux semaines. «Ces actes ne visent plus seulement les individus, maintenant, mais également les infrastructures économiques vitales qui représentent la richesse du peuple libyen, notamment les réservoirs de pétrole», ont été les dires de Ahmed Ben Helli, le secrétaire adjoint de la Ligue, comme s'il voulait par là attirer beaucoup plus l'attention des pays arabes producteurs de pétrole et détenteurs d'immenses capitaux et de l'influence mondiale certaine – en revanche, il n'a pas été entendu quelque déclaration de M. Nabil Al-Arabi, le secrétaire général. Qu'à cela ne tienne, tant que l'ensemble des pays de cette organisation considère rationnelle l'approche de l'Algérie consistant en l'implication des pays voisins dans le règlement de la crise, par les moyens les plus pacifiques de la concertation. On se rappelle les déclarations de M. Ahmed Ben Helli, dans une déclaration à la presse il y a trois mois, où il explique que «les pays voisins de la Libye constituent le noyau de l'action pour aider les Libyens à rétablir la sécurité et la stabilité dans leur pays et ouvrir un dialogue inclusif devant aboutir à un consensus sur un régime reflétant la volonté du peuple libyen à surmonter la crise». Ce diplomate a salué en même temps l'intéressement international sur ce conflit, notamment, les Etats de l'Occident, en premier lieu la France. Toutefois il n'a pas manqué de souligner que toutes les interventions positives ne doivent pas aller au-delà des convenances inscrites dans le principe sacré de la non ingérence. Autrement dit, nul Etat tiers n'a le droit de décider de quoi que ce soit à la place des responsables de l'Etat concerné, en l'occurrence la Libye avec toutes ses fractions en conflits. Paris a réussi à regrouper autour de lui beaucoup de capitales régionales dans sa position concernant la crise libyenne. Dont le Caire, celle de la Mauritanie et quasiment celles des pays du sahel. Et sa position est claire, et qui est le recours à l'action militaire à l'intérieur des territoires libyens, par les moyens qu'elle décidera elle-même. Parce que qu'elle dit, par l'intermédiaire de son ministre de la Défense – qui ne cesse de voyager dans les frontières de ce pays en funeste effervescence, passant en revue les bases militaires françaises dans la région - que le conflit dans ce pays couve un terrorisme dangereux pour la région et, par extension, à travers la mer Méditerranée, pour l'Europe et le reste du monde – de l'Otan au-delà de l'océan. Soit. Cependant, deux choses ne doivent pas échapper aux responsables arabes qui se concertent aujourd'hui. La vie des populations et l'enjeu dans les gisements C'est la France qui ait intervenu pour en découdre avec le régime de Mouammar Kadhafi, qui a poussé à son lynchage et à son exécution en direct à la télévision devant le regard de centaines de millions de spectateurs dans le monde. La France de Sarkozy, dont on a dit qu'il avait des secrets à étouffer dans la disparition du leader libyen et dont on a ajouté aussi - l'un dans l'autre – que le créateur et patron de l'UMP avait, dans ce coup-là, la charge de vaquer aux intérêts énergétiques de l'Union européenne en Tripolitaine et en Cyrénaïque. Par rapport aux desseins yankees en Mésopotamie – et certainement dans le delta du Niger, où forcément la France doit avoir déjà composé pour ne rien perdre de son empire postcolonial dans cette région. Ensuite, il n'est pas indiqué aux grands commis, permanents de la Ligue arabe, du moment que les «choses» dans cette grave crise libyenne en arrivent au tripotage dans les gisements pétroliers, de perdre de vue que la France, siège, au moins avec Total, sur d'importantes installations dans les territoires. Cette compagnie est présente sur quatre sites libyens, en dehors de trois exploitations en terre ferme, celui d'Al-Jurf, une plateforme offshore, est situé au large des côtes de Benghazi. Mais deux autres forages ont été entrepris par cette compagnie, plus récemment, depuis l'anéantissement de l'ancien régime. Durant la période où l'ambassade de France à Tripoli a été attaquée par une voiture piégée, son consul à Benghazi échappant de justesse à des tirs de balles groupées sur le véhicule qui le transportait. Mais une année auparavant, dans la même ville de Benghazi, l'ambassadeur des Etats-Unis est assassiné dans une attaque contre le consulat des USA. Enfin, on n'oublie pas la boucle d'information qui disait que la France menait une guerre en Libye pour le pétrole. Pour une histoire de gisement de gaz plus précisément. Certains médias avaient relaté dans les détails la relation Kadhafi-Sarkozy, dans cette affaire d'escompte de gros avantage énergétique et dans le voyage «pompeux» du leader libyen à Paris. Une enquête d'un journaliste français aurait abouti à la conclusion que le chef de l'Etat français à cette époque n'ayant pas obtenu la meilleure contrepartie se mettait alors à sonner le glas sur la tête de Kadhafi. «L'opération aurait été préparée de longue date et le printemps arabe n'aurait été que le prétexte idéale pour la lancer», expliquent les mêmes sources. Avant d'ajouter que «pour permettre au peuple libyen de choisir lui-même son destin, d'après la bonne démarche de l'intervention française, un accord confidentiel aurait été passé entre le Conseil national de transition et Paris, attribuant 35% de réserves libyennes de pétrole à la France». En tout cas Nicolas Sarkozy avait fait débloquer des caisses de la France pas moins de 300 000 euros dans son intervention militaire en Libye, «pour une économie française gagnante dans la reconstruction de la Libye». Quoi qu'il en soit, dans cette rencontre de la Ligue arabe, il y a de forte chance que l'équation ira se dresser pour savoir qui prend la main de Paris, dans le «règlement» de la crise, qui ne le fera pas. Car il ne peut pas y avoir de neutralité : le coût de l'existence d'une nation est beaucoup plus importante et grave que le contrôle des gisements. N. B.