Un des scandales ayant secoué la compagnie nationale pétrolière en 2010 sera examiné par le tribunal criminel d'Alger le 15 mars prochain. L'affaire Sonatrach 1 dans laquelle sont impliqués 19 ex-responsables de la compagnie, dont l'ancien président-directeur général du groupe Sonatrach, Meziane Mohamed Reda, poursuivis notamment pour des faits liés à la corruption. Parmi les prévenus, huit directeurs exécutifs dont le responsable du pipeline (A. Z.), le directeur des activités en amont (B. B.) et quatre compagnies étrangères pour passation de marchés au préjudice de Sonatrach, selon le rôle complémentaire de la deuxième session criminelle 2014. Selon la chambre d'accusation, des marchés de gré à gré ont été conclus au bénéfice de sociétés étrangères sans passer par le bulletin officiel des marchés relatif aux appels d'offres du ministère de l'Energie et de Mines. Les investigations sur l'affaire ont conclu à des appels d'offres frauduleux. Selon la commission des offres techniques, présidée alors par M. A. H. chargé de la rénovation du siège de Ghermoul, un projet confié à une entreprise étrangère pour un montant de 64 675 000 euros, un montant équivalent au coût de construction d'un nouveau siège, selon la chambre d'accusation. Les prévenus, dont 7 sont en détention et 12 autres en liberté, doivent répondre des chefs d'accusation d'association de malfaiteurs, passation de marchés illégaux et corruption. Ils sont également poursuivis pour «blanchiment d'argent, dilapidation de deniers publics et surfacturation», selon la même source. Parmi les prévenus également quatre compagnies étrangères -Contel-Funkwerk, Contel Algérie, Funkwerk Biletac, et Saipem Contracting Algérie- qui sont poursuivies en tant que personnes morales pour «corruption, augmentations injustifiées des prix et participation à passation de marché en violation de la loi». Cette affaire a éclaté au grand jour, rappelons-le, à la suite des investigations menées par les officiers de police judiciaire militaires du Département de renseignement et de sécurité (DRS) et qui concerne des malversations dans les marchés de gré à gré avec deux sociétés : un groupement algéro-allemand de matériel de sécurité et de surveillance pour l'activité transport par canalisation (TRC) et une deuxième société italienne. Le DRS a conclu à l'implication du P-dg de la Sonatrach, ses deux enfants, l'ancien patron du Crédit populaire d'Algérie, son fils et 15 cadres, dont des vice-présidents de la compagnie pétrolière. Le DRS a décelé des malversations dans l'octroi de marchés à deux bureaux d'études et de consulting et d'installation de surveillance dans le cadre de l'activité de transport par canalisation, qui auraient réussi grâce à leurs relations, notamment les enfants du P-dg, à avoir un statut de «privilégiés». Après les auditions, le juge d'instruction avait pris sa décision à l'encontre de l'ensemble des mis en cause en mettant sous mandat de dépôt les deux enfants du P-dg de Sonatrach, l'ancien P-dg du CPA, Hachemi Meghaoui, son fils (propriétaire d'un bureau d'études), un entrepreneur privé et deux vice-présidents de la compagnie. Le juge avait également placé sous contrôle judiciaire sept cadres dirigeants de la compagnie, dont le Président-directeur général, Mohamed Meziane et Chawki Rahal, vice-président chargé de l'activité commercialisation. Plusieurs chefs d'inculpation avaient été retenus, dans un premier temps, contre les mis en cause, dont le plus lourd est l'association de malfaiteurs. Mais le magistrat avait annulé les poursuites contre trois prévenus et réduit les charges de plusieurs autres, dont celles de Mohamed Méziane qui a bénéficié de la suppression des délits d'«association de malfaiteurs, participation dans la dilapidation de deniers publics et trafic d'influence», pour être poursuivi pour neuf chefs d'inculpation, dont «passation de contrat en violation avec la loi dans le but d'octroyer des avantages injustifiés, corruption, dilapidation de deniers publics, abus de fonction, conflit d'intérêt et blanchiment d'argent». Par ailleurs, deux compléments d'enquête ont été formulés et des commissions rogatoires ont été lancées. C'est suite à ces compléments d'enquête qu'une affaire Sonatrach 2 a vu le jour. En fait et comme l'avait expliqué, dans une conférence de presse, Belkacem Zeghmati, le procureur général près la Cour d'Alger, dans l'affaire Sonatrach 1, le juge d'instruction avait demandé, dans le cadre d'un complément d'enquête, une commission rogatoire au juge français. La justice française avait envoyé sa réponse en deux parties, vu la ramification de l'affaire et l'ampleur des renseignements demandés par la justice algérienne. La deuxième partie de la réponse est parvenue à la justice algérienne, une fois l'instruction terminée. Ce qui a amené au fractionnement du dossier Sonatrach en deux. Ainsi donc, le 15 mars prochain, l'affaire qui sera jugée ne concernera que la première partie de ce dossier. La deuxième partie, celle de Sonatrach 2 qui est beaucoup plus importante que la première et dont les ramifications sont d'ordre international impliquant l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, sa femme, ses deux enfants ainsi que des P-dg de grosses boîtes étrangères, est toujours en instruction. A. E.