Depuis l'attentat contre Charlie Hebdo, et malgré les appels à éviter tout amalgame, de nombreux actes islamophobes se sont produits en France. Cette vague de violence qui vise la population ou les lieux de culte musulmans n'est certes pas nouvelle mais légitimée depuis l'attentat contre l'hebdomadaire, elle s'amplifie de jour en jour. Selon les derniers chiffres, cités par des chaînes de télévisions françaises, près d'une centaine d'actes islamophobes ont été commis ces dix derniers jours. Un décompte, confirmé par le Conseil français du culte musulman (Cfcm), faisait état d'au moins une cinquantaine d'actes islamophobes perpétrés entre mercredi soir (jour de l'attentat contre Charlie Hebdo) et lundi dernier à l'encontre de la population musulmane et de la communauté maghrébine de France. Les premières attaques ont commencé dès mercredi au soir où deux coups de feu ont été tirés sur une salle de prière à Port-la-Nouvelle, dans l'Aude, ne faisant heureusement aucune victime. Une mosquée du quartier des Sablons au Mans a été victime de tirs de grenades d'exercice aux alentours de minuit. Des coups de feu ont également été tirés contre une voiture stationnée dont les propriétaires sont musulmans. Les actes islamophobes ont commencé par la suite à prendre d'autres formes plus violentes. Ainsi, il y a eu les murs tagués avec des croix gammées, des slogans nazis et l'inscription «Charlie est vivant» mais ensuite, il y a eu les coups de feu, les tentatives d'incendie, les tirs de grenades et enfin les agressions physiques des musulmans. En ce qui concerne les tags islamophobes, ces derniers sont découverts chaque jour et dans plusieurs régions de France. A Poitiers, le portail de la mosquée a été tagué et on pouvait lire «Mort aux Arabes». Une inscription insultante dont il est inconvenable de rapporter le contenu a été découverte dans une rue de Mâcon. Des tags islamophobes ont également été découverts à Châlon-sur-Saône au centre culturel musulman. Une croix gammée et des insultes racistes ont été apposées, ainsi que la mention Charlie à Bayonne. Sur une poubelle et un mur voisin à la mosquée, il était inscrit «assassins et sales arabes». Même les morts n'ont pas été épargnés puisque dans la ville de Péronne, une croix gammée a été découverte peinte sur un monument aux morts consacré aux combattants d'Afrique du Nord. Même constatation en Bretagne où un chantier d'un centre culturel islamique a été visé. Des inscriptions racistes, en français et en breton, disaient «dehors». Même son de cloche à Béthune où les palissades de la mosquée étaient taguées par «Dehors les arabes». Une tête de sanglier et des viscères ont été accrochés à la porte d'une salle de prière musulmane de Corte en Haute-Corse. Les attaques contre les musulmans et leurs lieux de culte ont commencé à s'affermir de plus en plus avec l'utilisation d'armes à feu et d'explosifs. A Villefranche-sur-Saône, la devanture d'un snack kebab attenant à une mosquée, a été soufflée par une explosion d'origine criminelle. Une mosquée à Aix-les-Bains a été incendiée alors qu'un immeuble à Argenteuil (Val-d'Oise), a vécu une nuit agitée à cause d'un début d'incendie qui s'est déclaré dans l'appartement d'une femme musulmane. Sur la boîte aux lettres de ce logement a été inscrit le message «Vive Charlie». A Soissons en Picardie, cinq coups de feu ont été tirés sur la mosquée Badr et la mosquée de Vendôme, dans le Loir-et-Cher, a été la cible de deux coups de feu. A Vendôme (Loir-et-Cher), des impacts de balles ont été constatés sur la vitrine d'un commerce appartenant à des musulmans ainsi que sur la porte de la mosquée de l'Association cultuelle musulmane Vendemoise. Des coups de feu ont également été tirés sur la façade de la mosquée de Saint-Juéry. Il ne s'agit-là que de quelques exemples des nombreux cas des actes islamophobes commis depuis l'attentat contre Charlie Hebdo qui ont été malheureusement couronnés par des agressions physiques contre les musulmans. Cela a été le cas malheureusement le lendemain de l'attaque contre Charlie Hebdo lorsqu'un lycéen de 17 ans, d'origine maghrébine, a été victime de propos racistes, puis roué de coups de pied et de poing par plusieurs individus, en marge d'une minute de silence observée en hommage aux victimes de Charlie Hebdo. Ces actes de représailles contre les musulmans de France qui relèvent à la fois du racisme et du délit, auront-ils des limites ? Si l'Etat français ne réagit pas rapidement pour mettre fin à cette autre forme d'extrémisme cela peut faire monter la tension chez les musulmans ce qui risque d'entraîner les deux camps dans un cercle vicieux de violences. H. Y. (sources : sites Internet) Al-Makouli, Bahray... ces victimes de la radicalisation islamophobe en Europe Mohammed Al-Makouli a été poignardé à mort parce qu'il était musulman... Ce français musulman a été tué par 17 coups de couteau dans sa propre maison dans le sud de la France, une semaine après les attaques au siège du tabloïd Charlie Hebdo. Cette attaque est survenue un jour après l'assassinat du demandeur d'asile érythréen Khaled Idris Bahray, tué en Allemagne. Il s'agit là d'un autre crime de haine. Rappelons que l'Allemagne est le théâtre depuis plusieurs semaines de régulières manifestations organisées par le mouvement Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident (Pegida), réunissant jusqu'à près de 20 000 personnes chaque semaine dans la ville de Dresde. Les «patriotes européens» ont fait quelques émules depuis les attaques contre Charlie Hebdo, comme à Bonn ou à Berlin. A Vienne, un premier défilé Pegida est prévu fin janvier et des pages Facebook ont été créées en Suède et en Norvège. L'Europe semble ainsi glisser à petits pas vers l'islamophobie. H. Y.