Le président de la République tunisienne Béji Caïd Essebsi a reçu, hier matin, au palais de Carthage, une délégation algérienne conduite par le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Tayeb Belaïz, qui lui a remis un message écrit du président algérien Abdelaziz Bouteflika à l'occasion de la commémoration du 57e anniversaire des évènements de Sakiet Sidi Youssef. Dans ce message, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a tenu à exprimer sa grande satisfaction quant au niveau des relations privilégiées existant entre les deux pays. «Les peuples algérien et tunisien s'apprêtent à célébrer avec fierté le 57e anniversaire des événements de Sakiet Sidi Youcef. En cette occasion mémorable, il m'est agréable de vous présenter, au nom de l'Algérie, peuple et gouvernement et en mon nom personnel, mes chaleureuses félicitations, tout en priant Dieu le Tout Puissant de vous accorder santé et bien être et à votre peuple davantage de progrès et de prospérité.» Il a ajouté : «Nous glorifions la mémoire de nos valeureux martyrs qui se sont sacrifiés dans cette ville au nom de la liberté, de la dignité et de l'indépendance et saluons le courage héroïque de nos deux peuples frères face aux colonisateurs en cette journée historique qui restera, pour les générations futures, le symbole suprême de la solidarité et de la fraternité algéro-tunisienne.» Le chef de l'Etat a également souligné dans son message sa «grande satisfaction quant au niveau des relations privilégiées existant entre nos deux pays, ainsi que ma volonté d'œuvrer, de concert avec vous, au renforcement de celles-ci et à la réalisation d'un partenariat global par fidélité à nos martyrs et en consécration des aspirations de nos deux peuples frères». Rappelons que les évènements de Sakiet Sidi Youcef, dont le 57e anniversaire a été commémoré hier par l'Algérie et la Tunisie, sont une des leçons du passé qui ont forgé l'avenir commun des deux peuples, comme l'a estimé l'historien Abdelhamid Aouadi. M. Aouadi, également président de l'association Ma'athir Ethaoura, a considéré dans un entretien à l'APS, que le 8 février 1958 est «une occasion pour insister sur la profondeur des relations entre les deux peuples frères et voisins» et «pour rendre hommage aux sacrifices du combat commun et au sang versé sur l'autel de la liberté». Rappelons enfin que le carnage de Sakiet Sidi Youcef a été une réaction barbare de la France après avoir subi des pertes. En effet, le 11 janvier 1958, 300 combattants algériens de Sakiet Sidi Youssef ont attaqué une patrouille française de cinquante soldats, faisant 14 morts, deux blessés et quatre prisonniers. En représailles, le général Edmond Jouhaud, commandant de la cinquième région aérienne, a planifié un raid aérien sur Sakiet Sidi Youssef. Onze bombardiers A-26, six chasseurs-bombardiers Corsair et huit chasseurs Mistral6 ont bombardé vers 10h50 le paisible village. Le 8 février 1958 était jour de marché à Sakiet Sidi Youcef. Des réfugiés y affluaient en nombre pour recevoir des aides de la Croix-Rouge internationale, et c'est pourquoi les pertes furent considérables. Deux camions de la Croix-Rouge ont ainsi été détruits ainsi que l'école du village, remplie d'enfants en cette matinée. Le bilan varie entre 72 et 75 morts, dont plus d'une dizaine de femmes et une vingtaine d'enfants et 148 blessés. La presse internationale avait évoqué une boucherie horrible, tandis que la communauté internationale, émue, avait fermement condamné ces crimes. H. Y.