Le dispositif d'aide à l'emploi des jeunes ne cesse de faire parler de lui. Les concernés sont nombreux à se plaindre et afficher leur détresse du fait qu'il ne leur offre «ni stabilité, ni statut dans la société». Après s'être sacrifiés dans leurs études, rêvant d'un poste d'emploi stable et après avoir déchanté, beaucoup de jeunes se sont orientés vers ce nouveau dispositif d'insertion dans la vie professionnelle. Après quelques mois d'exercice, nombreux d'entre ces jeunes ont fini par comprendre que ce dispositif est loin de répondre à leurs ambitions. Partout au niveau des administrations publiques, notamment les daïras, APC et même les structures de santé, des jeunes nous ont sollicités pour faire part de leurs soucis quand à leur emploi qu'ils qualifient de «précaire». Au niveau de la polyclinique d'El Kseur dans la wilaya de Béjaïa, des laborantines au niveau du laboratoire d'analyses médicales nous ont approchés pour nous raconter leur expérience dans le cadre de l'Anem (Agence nationale de l'emploi) et de la DAS (Direction de l'action sociale). Salima 30 ans, diplômée en biologie (bac+4) nous a déclaré que le dispositif DAS est limité à deux ans et que c'est son dernier jour au laboratoire. Le nez plongé dans les analyses du jour, elle nous raconte son amertume de devoir repartir à zéro et rechercher un autre emploi, elle qui s'apprête à convoler en justes noces au mois de juin prochain avec tout ce que les préparatifs de cet évènement heureux demandent comme dépenses. Elle regrette qu'au bout de l'aventure elle n'a pu décrocher un poste stable. Lui emboitant le pas, sa collègue Fadila également ingénieur d'Etat en biologie nous a quand à elle transmis le souci du salaire qui n'est que de 9 000 dinars alors que la vie est trop chère. De plus, dit-elle, «le volume de travail est le même pour nous et ceux qui sont recrutés». Sans mâcher ses mots, cette jeune fille très ambitieuse nous a également parlé du manque de considération de la part de certains de leurs collègues et même des badges qui ne portent aucune mention définissant leur fonction. «Les badges que nous accrochons à nos blouses ne portent que nos noms sans la fonction que nous exerçons», confie notre interlocutrice. Interrogée quand à l'idée qu'elle se fait aujourd'hui de ce dispositif, Fadila nous dit qu'«il s'agit d'exploitation ni plus ni moins, ce qui tue toute capacité et ambition du jeune». Allant plus loin dans ses propos, notre interlocutrice nous informe qu'un concours a été organisé, en septembre dernier pour ouvrir un seul poste d'emploi et, à ce jour, le résultat n'a pas été communiqué. Salima nous fait part de son inquiétude «de faire parachuter une personne qui n'a jamais exercé dans cette structure». A la question de savoir ce qui motive cette peur, elle nous explique qu'un cas s'est déjà produit. «Suite à un concours précédent, une jeune fille a été admise et pris son poste pendant trois mois avant de le lui retirer l'informant qu'il s'agit d'une erreur. Une autre jeune fille qui n'avait jamais exercé au sein de cette polyclinique a pris ce fameux poste», nous ont expliqué beaucoup de jeunes rencontrés sur place. «Bien sûr ce n'est pas la polyclinique qui est derrière cette situation et nous sollicitons la Fonction publique pour trouver une solution à notre cas». Car, aujourd'hui, enchaîne encore une autre jeune laborantine «nous n'avons pas de statut alors que nous faisons tout. Nous ne sommes ni stagiaires ni employés. Nous avons constaté au bout de quelques mois que les paramédicaux sont privilégiés par rapport à nous les universitaires, qui avons toute les peines du monde à renouveler nos contrats». Le dispositif d'aide à l'emploi de jeunes dont l'objectif premier est de réduire le taux de chômage n'est pas une solution en soi, disent les laborantins rencontrés à la polyclinique d'El Kseur. «Nous voulons une solution définitive car du moment où on repart au chômage pour embaucher d'autres, le phénomène ne sera jamais en baisse.» Dans plusieurs administrations où nous sommes passés au niveau des APC, daïras, des jeunes nous abordent pour sensibiliser les autorités quant à leur préoccupation majeure qui est de trouver un emploi stable et bien rémunéré qui puisse leur assurer un avenir plus serein. Les cas relatés de ces quelques filles qui ont eu l'audace de nous interpeller renseigne sans doute sur la situation de ces milliers de jeunes qui exercent dans le cadre du dispositif pré-emploi. Les autorités à charge de ce dispositif se doivent de se pencher sur ce dossier épineux pour trouver des solutions définitives à ces jeunes qui disent que «l'attente n'a que trop duré». B. A.