Le Soudan du Sud est entré dans sa deuxième année de guerre civile, quatre ans seulement après avoir arraché son indépendance du Soudan, faisant peser sur le plus jeune pays du monde le risque de nouvelles sanctions si les parties en conflit ne se décident pas à trouver un compromis pour sortir de la crise. C'est ce qu'estime le Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Ban Ki-moon, qui a appelé le président sud-soudanais, Salva Kiir et son ancien vice-président, Riek Machar, à faire ce qu'il a qualifié de «compromis nécessaires», afin de sortir Juba de l'impasse et éviter un nouveau drame humanitaire. Alors que le 5 mars est fixé par la médiation internationale, comme date butoir pour trouver un accord entre les deux adversaires, le spectre de nouvelles sanctions plane sur le Soudan du Sud. Ce qui suscite moult inquiétudes chez les autorités de Juba, qui ont affirmé hier que de nouvelles sanctions seraient fatales pour le pays et son peuple. «Toute sanction imposée au Soudan du Sud n'entravera pas seulement le processus de paix, mais sera essentiellement ressentie par nos concitoyens jusqu'en bas de l'échelle», a souligné le ministre sud-soudanais des Affaires étrangères, Barnaba Marial Benjamin, dans un communiqué. «Le gouvernement du Soudan du Sud est fermement décidé à trouver une solution durable à la table des négociations plutôt que sur le champ de bataille. Notre pays a subi des décennies de guerre et notre peuple est fatigué des combats», a assuré le ministre. Ce communiqué fait suite au vote, mardi soir à l'ONU et à l'unanimité, d'une résolution prévoyant le «principe de sanctions» contre les belligérants en cas d'échec des négociations en cours à Addis Abeba, sous l'égide de l'ONU et l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad). Le Soudan du Sud est indépendant depuis 2011, après avoir fait sécession du Soudan à l'issue d'un long conflit (1983-2005). Il a replongé dans la guerre en décembre 2013, lorsque des combats ont éclaté au sein de l'armée sud-soudanaise, issue de l'ex-rébellion sudiste, minée par les antagonismes politico-ethniques. Les combats se sont propagés dans la majorité du pays, accompagnés de massacres et atrocités à caractère ethnique contre les civils. Des pourparlers de paix, ouverts en janvier 2014 à Addis Abeba, n'ont connu pour seules maigres avancées qu'une longue série de cessez-le-feu systématiquement violés. L'ONU et la médiation est-africaine de l'Igad ont menacé à plusieurs reprises de sanctions le camp du président Salva Kiir et celui de son ancien vice-président Riek Machar, dont la rivalité à la tête du régime est à l'origine du conflit. Ces menaces de sanctions ont été jusqu'ici sans effet et les observateurs doutent de la bonne volonté des deux belligérants à trouver une solution politique et non militaire. Le dernier round de pourparlers de paix est prévu pour aujourd'hui. Depuis le début du conflit en décembre 2013, au moins 10 000 personnes auraient été tuées et 1,5 million déplacées, selon les chiffres officiels fournis par les organisations humanitaires. L. M. /Agences.