L'utopique gageure de «réconcilier» Riek Machar (gauche) et le président Salva Kiir Les représentants des 15 pays membres du Conseil ont rencontré M.Kiir mardi à Juba, avant de s'entretenir par liaison vidéo avec M.Machar, qui a pris le maquis en décembre avec une partie de l'armée. Des discussions «décevantes» avec le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, qui s'affrontent depuis mi-décembre, laissent peu d'espoir d'un rapide accord de paix au Soudan du Sud, ont déploré mercredi à Juba les représentants du Conseil de sécurité de l'ONU. «Nous avons eu des entretiens avec le président Kiir et Riek Machar, mais nous n'avons rien entendu de leur part qui nous fasse espérer un accord rapide dans les pourparlers à Addis-Abeba», qui stagnent depuis janvier, a déclaré l'ambassadeur britannique à l'ONU, Mark Lyall Grant. Le président en exercice du Conseil de sécurité s'exprimait à l'issue d'une visite de deux jours de la délégation au Soudan du Sud. Ces discussions «ont été d'une certaine façon décevantes», a poursuivi l'ambassadeur britannique, «tous deux ont dit reconnaître qu'il n'y a pas de solution militaire à la crise, mais leurs deux positions restent très éloignées l'une de l'autre». La délégation a fait clairement savoir à MM.Kiir et Machar «qu'il y aura des conséquences pour ceux qui minent le processus de paix et qui ne veulent pas mettre de côté leurs intérêts personnels dans l'intérêt de la population», a ajouté M.Grant. Mardi, ces ambassadeurs avaient réitéré les menaces de sanctions brandies le 8 août à New York par le Conseil de sécurité en cas de poursuite de la guerre civile dans le pays qui se trouve de surcroît au bord de la famine selon l'ONU. Des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes, ont été tuées et plus de 1,5 million chassées de chez elles par le conflit, qui a éclaté le 15 décembre 2013 au sein de l'armée sud-soudanaise, minée par des antagonismes politico-ethniques exacerbés par l'âpre rivalité entre Salva Kiir et Riek Machar à la tête du régime. Les pourparlers dans la capitale éthiopienne sont pour l'heure infructueux et le délai de 60 jours, sur lequel les deux camps s'étaient engagés à former un gouvernement d'union, a expiré dimanche sans résultat. Malgré deux cessez-le-feu, signés mi-janvier et début mai, les combats, accompagnés de massacres ethniques, continuent dans le plus jeune Etat du monde, indépendant depuis juillet 2011 seulement, après des décennies de conflit meurtrier avec Khartoum. La délégation onusienne devait rencontrer hier soir à Nairobi les ministres des Affaires étrangères des pays de l'Autorité intergouvernementale pour le Développement (Igad), organisation est-africaine qui assure la médiation des pourparlers. Des «accords de cessation des hostilités ont été conclus et ces accords n'ont pas été respectés, nous voulons discuter avec les ministres de l'Igad des prochaines étapes», a expliqué M.Grant. La veille, l'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Powers, membre de la délégation, avait expliqué à Juba que le Conseil souhaitait coordonner ses actions avec celles de l'Igad qui s'est dit prête elle aussi à des sanctions. Avant Nairobi, la délégation onusienne s'est arrêtée hier à Mogadiscio, où elle s'entretenait à la mi-journée «des progrès en Somalie» avec le président Hassan Cheikh Mohamoud et son gouvernement. La rencontre avait lieu dans le camp fortifié de la Force de l'Union africaine (Amisom), dans l'enceinte de l'aéroport de la capitale somalienne, une des villes les plus dangereuses du monde.