Les maladies rénales constituent un véritable problème de santé publique, touchant chaque année 4 000 nouveaux cas alors que notre pays compte plus de 13 000 dialysés, et lorsqu'on sait que ce sont des pathologies insidieuses, on peut imaginer les dégâts occasionnés chez les personnes atteintes. Le calvaire des insuffisants rénaux est connu, ceux-ci rencontrant, en plus des souffrances physiques, d'immenses difficultés en termes de prise en charge. Le manque d'infrastructures adéquates est souvent dénoncé par les malades dont l'état peut s'aggraver avant d'aboutir sur des complications parfois irréversibles et souvent fatales. La situation qui prévaut au niveau des hôpitaux, concernant ce mal précis, prêterait à rire si ce n'était le sérieux du problème et de l'état de santé de ces personnes qui sollicitent des soins. L'attente constitue l'une des «précieuses» recommandations de la corporation médicale dont ce n'est nullement la faute si ce n'est le manque de structures adéquates et d'équipements indispensables pour la prise en charge des patients. Serait-ce une nouveauté que de dire que sur ce plan (comme pour d'autres pathologies d'ailleurs), les défaillances sont innombrables et qu'elles sont entretenues par une insupportable indifférence jusqu'à constituer d'éternels griefs ? On s'échine à soulever des questions dont l'existence est aussi longue que les décennies de l'indépendance de notre pays, et qui se heurtent à l'impassibilité des autorités concernées, revenant sans cesse dans la litanie de plaintes quant au droit à l'accès aux soins du citoyen. Car c'est de cela qu'il s'agit, du moment que ni les moyens (humains et matériels) ni la qualité (des soins) ne répondent à ce jour aux exigences induites par ce droit. Les malades en sont encore à un état de sabrage, avec les moyens du bord, ceux dont disposent des équipes médicales dont l'indigence -en termes de moyens- a fini par créer une carapace chez nombre de praticiens hospitaliers. Une manière de rester neutre (pour ne pas dire insensible) à la souffrance d'autrui quand on ne peut pas les soulager de leur mal. Il va de soi, pourrait-on dire, que les défaillances enregistrées en matière de prise en charge des pathologies rénales au niveau des pouvoirs publics sont exploitées au sein de la corporation médicale qui investit ce créneau en créant des structures privées, notamment en ce qui concerne la dialyse. Sur ce plan précisément, le secteur privé se substitue à celui public, les médecins hospitaliers ne trouvant pas d'autre alternative que de renvoyer les malades aux... calendes grecques. A ce niveau, c'est à qui (parmi les patients) en possède les moyens financiers. R. M.