Il y a près de quinze jours, dans la commune de Dergana (Alger), un élève pris d'une crise d'asthme en classe est sorti de son établissement, en compagnie de son frère jumeau, sans bénéficier d'aucune assistance médicale. L'enfant, très affaibli, est décédé sur le chemin de retour à la maison avant même d'arriver au centre de soins le plus proche. Qui a autorisé l'enfant à sortir de classe dans cet état ? La question revenait sur toutes les lèvres au lendemain de ce drame. Selon les témoignages recueillis, c'est l'enseignante des deux enfants qui leur a demandé de rentrer chez eux. Ces deux enfants sont donc sortis de l'établissement sous l'œil de l'enseignante et des agents responsables de leur sécurité. Croyant ainsi à un simple malaise, l'enseignante a jugé utile d'envoyer l'enfant à la maison pour éventuellement se reposer et bénéficier des soins qui lui seraient prodigués par sa maman. Un geste qui mérite d'être salué dans d'autres circonstances mais pas dans celle-ci puisqu'il a été fatal pour l'un et catastrophique pour l'autre : décès du premier et traumatisme pour le deuxième. Pourquoi l'enseignante n'a-t-elle pas pensé à signaler le problème à un autre responsable del'établissement ? L'enfant malade aurait dû être conduit en urgence dans un service de santé pour une prise en charge adéquate, d'autant plus que son problème d'asthme est connu dans l'établissement. Et ce, bien sûr, en l'absence d'un médecin et d'une infirmerie au sein même de l'établissement. Le drame est, donc, survenu «bêtement» mettant à nu les dysfonctionnements dans la gestion du milieu scolaire. Interpellée sur cette question, la direction de la santé de la wilaya d'Alger, par la voix de son premier responsable, M. Lakehal Rabia, a dégagé toute responsabilité dans la survenue de cet accident. Selon M. Rabia, «il n'a jamais été question d'installer un médecin et une infirmerie dans chaque établissement scolaire. Nous avons des UDS qui s'occupent des élèves de plusieurs établissements et non pas d'un seul, avec un moyenne d'une UDS pour 8 000 élèves». Aussi, insiste Dr Rabia, le travail de ces UDS est essentiellement préventif. Pour ce qui est du curatif, en particulier les cas d'urgence, «nous avons nos EPSP [établissements publics de santé de proximité]». La responsabilité de la direction de la santé dégagée, reste celle de l'Education nationale. En effet, parents d'élèves et autres représentants de la société civile estiment que c'était au chef de l'établissement d'appeler les services de la Protection civile ou du SAMU social pour dépêcher une ambulance et emmener l'enfant à l'hôpital. Et pourquoi pas utiliser la voiture de ce responsable ou celle d'un autre ? Cela n'a-t-il pas été fait par négligence ? Manque de clarté ?... Quelle qu'en soit la cause, il y avait non-assistance à personne en danger. Ce drame de plus, un drame de trop, interpelle les consciences sur la nécessité de suivre les dossiers de santé de tous les enfants scolarisés de façon régulière et rigoureuse. K. M.