Le gouvernement, les patrons et les représentants des travailleurs partent en rangs serrés pour la tripartite annuelle, qui s'ouvre aujourd'hui à Biskra. La réunion, qui se tenait d'habitude à Alger, a élu domicile cette fois dans la belle oasis des Ziban. Quittant le brouhaha du microcosme algérois, la délocalisation de ce sommet socioéconomique sonne comme une quête de quiétude pour débattre à tête reposée sur les perspectives et les défis qui se posent à l'économie algérienne dans un contexte de crise pétrolière. Le recul dramatique des recettes des hydrocarbures, principale source de revenus du pays, oblige les trois parties à réfléchir sérieusement à d'autres économies de substitution. La production nationale sera au centre de cette importante rencontre. Les membres de l'Exécutif, les organisations patronales et les syndicalistes de l'Ugta font front uni dans cette perspective. Le gouvernement a annoncé la couleur au cours de l'été dernier, en annonçant que la tripartite sera exclusivement consacrée à l'encouragement et à la relance de la production nationale. Il s'agit de définir et d'adopter, en associant les partenaires économiques et sociaux, une démarche commune pour une réelle diversification de l'économie nationale. L'Exécutif avait identifié à ce sujet une quinzaine de secteurs d'activités qui recèle un fort potentiel de croissance. «Ces filières sont celles qui nous coûtent cher en termes d'importations et qui recèlent d'importants potentiels», a-t-on indiqué, en citant les industries mécanique, pharmaceutique, sidérurgique, aéronautique et pétrochimique. D'autres secteurs comme l'agriculture, l'agro-alimentaire et le tourisme figurent aussi en bonne place dans cette liste qui sera soumise à débat. Dans un élan similaire, le patronat milite également pour un consensus national dans ce sens. La conjoncture présente «impose un dialogue, un rapprochement et un consensus entre les autorités, le patronat et le syndicat sur les réformes structurelles à engager afin d'assurer une transition économique», note le Forum des chefs d'entreprises (FCE). Un objectif partagé par la Confédération nationale du patronat algérien (Cnpa), la Confédération algérienne du patronat (CAP) et la Confédération générale du patronat algérien (Cgpa) qui appellent à l'adhésion de toutes les parties autour «d'une vision claire sur les perspectives économiques à court et moyen termes». Les quatre organisations patronales mettent aussi le doigt sur l'application des décisions prises dans le cadre du pacte économique et social conclu en 2013. De son côté, l'Ugta ne déroge pas à cette harmonie et exprime son attachement à la mise en place de «mécanismes efficaces pour la promotion de la production et la réhabilitation des entreprises nationales». Tout comme le gouvernement et le patronat, la centrale syndicale part à cette réunion avec des propositions concrètes pour lever toutes les entraves devant l'investissement productif. A la base, les Algériens partagent aussi ces aspirations synonymes d'emplois et de valeurs ajoutées. Il est vrai que le gouvernement et ses partenaires socioéconomiques doivent absolument bien coordonner leurs efforts pour sortir définitivement le pays de cette satanée dépendance du marché mondial des hydrocarbures. Il s'agit d'un impératif qu'on ne saurait retarder encore. Les temps s'annoncent durs. La tâche ne sera pas de tout repos. Mais la conjugaison de toutes les volontés est à même de relever ce challenge. A bien regarder, l'Algérie, en dépit de la lourde chute des cours de pétrole, a toutes les potentialités pour atteindre le taux de croissance de 4,6% prévu dans la loi de Finances de 2016. Pourvu que les actes suivent les paroles et les projections, on peut surpasser ce modeste objectif. K. A.