Photo : S. Zoheïr Par Sihem Ammour La Palestine, Ghaza la meurtrie, la trahison des dirigeants arabes, la révolte contre les injustices sociales étaient au cœur de la poésie d'Ahmed Fouad Nedjm lors de la rencontre hebdomadaire «L'écho des plumes», dans le cadre «d'El Qods, capitale de la culture arabe 2009», qui s'est déroulée hier au Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi (TNA). Avec une verve incisive, teintée d'un humour sarcastique, le poète engagé égyptien a partagé avec les présents sa passion intarissable du combat pour les causes justes. Ses déclamations sont souvent ponctuées d'anecdotes faisant maintes fois réagir l'assistance, soit par des éclats de rire, soit par des applaudissements. Du haut de ses quatre-vingts ans, sa voix est toujours porteuse d'espoir dans ce marasme dans lesquels se débattent les peuples arabes. Il continue, d'une voix assurée, d'insuffler l'esprit du combat pour toutes les formes de liberté en récitant : «Oh peuple, le pouvoir et la souveraineté t'appartiennent.» Fustigeant les gouvernements arabes, il a salué la position courageuse du président vénézuélien Hugo Chavez, qui a expulsé manu militari les représentants diplomatiques israéliens en leur disant : «Vous êtes des assassins, et les assassins ne doivent pas rester chez nous !» Il a également confié à l'assistance qu'au moment où il a été arrêté par la police égyptienne pour trouble à l'ordre public et atteinte à la personne du président de la République, cela l'a inspiré à écrire un poème, l'un des plus virulents, déclarant qu'il important de réagir contre la censure. Le poète a aussi ému l'assistance en racontant une anecdote vécue lors de son séjour au Qatar, juste avant de venir en Algérie. Un homme l'avait alors interpellé en ces mots : «Vous les Egyptiens, vous êtes tous des traîtres !». A ce propos, Ahmed Fouad Nedjm lui a rétorqué : «Comment peux-tu nous qualifier de traîtres ? Ne confonds pas les dirigeants et le peuple. Aujourd'hui, l'Egypte est en état de réanimation. Mais, bientôt, le peuple reviendra sur le devant de la scène. Il faut savoir que dans tous les pays arabes, des enfants sont victimes d'atrocités et leurs aînés terrorisés par les pouvoirs en place. Il les appauvrissent et les font vivre dans une peur perpétuelle. Il est temps que tous les peuples brisent les chaînes, car il sont tous trahis par ceux qui les gouvernent». Il a tenu également à témoigner de la forte mobilisation de la population égyptienne qui est descendue dans la rue pour des manifestations qui ont duré trois jours et trois nuits. Il a assuré que plusieurs manifestants sont morts lors de ce soulèvement populaire pour soutenir Ghaza et des centaines d'autres sont toujours emprisonnés. Mais vu la chape de plomb imposée aux médias égyptiens, les images de ces manifestations n'ont pas été diffusées au reste du monde. Il a, à cette occasion, présenté un poème, intitulé Bonjour à vous les fleurs qui se sont épanouies en Égypte. Ce poème a pour chute, un vers lourd de sens : «Le soleil se lèvera toujours au ciel, malgré toutes les citadelles et les prisons érigées»