Chaque année, des instituts et des sites spécialisés occidentaux établissent un classement mondial des armées les plus puissantes. Il en est ainsi du site US Global Firepower qui a classé l'Algérie à la 27e place parmi les 126 nations recensées en 2015. Certes, ce type d'exercice est souvent trompeur car les critères de détermination de la puissance militaire ne sont pas toujours exhaustifs et rigoureux. Les indications considérées sont parfois erronées. Il en est de même des analyses des bases de données d'acquisitions qui se fondent sur les déclarations publiques et les rapports de presse qui dépendent beaucoup du niveau de liberté d'expression dans les pays acquéreurs et chez leurs fournisseurs. Comme il y a aussi des équipements non répertoriés. Ces manquements mettent donc à mal la crédibilité des classements. Mais, à l'image des sondages quantitatifs et qualitatifs, ces balances militaires restent quand même des indicateurs de l'évolution des armées, dont notre ANP qui poursuit tranquillement depuis plus de deux décennies sa modernisation. Processus déterminé et justifié par son engagement continu à faire face à tous types de menace. A l'intérieur du territoire national et le long des frontières avec les sept pays riverains. Ce qui fait d'elle aujourd'hui une armée capable de poursuivre un élan de modernisation amorcé en 1990, poursuivi par Liamine Zeroual et accéléré, de nette manière, depuis 1999. Et c'est réconfortant de constater que son engagement massif aux frontières et son souci de sanctuariser notre territoire ne l'ont pas empêchée de poursuivre la remise à niveau et la modernisation de son système de défense. Elle est désormais mieux équipée, mieux structurée et mieux préparée pour ses missions constitutionnelles. L'effort de construction de ses forces se décline ainsi : formation et instruction de qualité, industrialisation, acquisition de technologies et diversification des infrastructures. Politique de croissance planifiée, symbolisée par l'acquisition de concentrés de technologies comme, par exemple, le navire de commandement et de débarquement de troupes, le BDSL Kalâat Béni Hammad. Ou encore des exemplaires du Mil Mi-26, l'hélico polyvalent russe le plus lourd et le plus grand jamais construit. Pour pouvoir utiliser ces nouvelles technologies, notamment le BDSL, instrument de projection et d'intervention à long rayon d'action, il a fallu former des ressources humaines de haut niveau. Compétences aptes à maîtriser les technologies sophistiquées de la maîtrise des airs et de la mer. Et il sonne comme un joli slogan publicitaire le triptyque de développement de l'armée : technicité, modernité, compétence. L'ANP est dorénavant bien loin de l'armée de moudjahidine convertis en soldats au lendemain de l'Indépendance. D'un corps de bataille constitué au départ de bataillons, elle a ensuite été structurée en brigades, avant de s'appuyer sur des divisions. L'existence de ces divisions a justifié ensuite la création de sept corps d'armée. De même que le subséquent grade de général de corps d'armée institué en 1994. L'appareil de défense a alors subi une régulière remise à niveau. Parallèlement à la création d'une base d'industrie militaire diversifiée, les systèmes d'armes obsolètes ont été reclassés ou déclassés. Et l'ensemble des forces a reçu un armement récent, avec une attention particulière à l'aviation de combat, la défense aérienne et la marine. Après cette période de réhabilitation technologique, l'ANP est passée au stade supérieur, celui du gap technologique. Entre autres, l'acquisition de BDSL, de porte-hélicoptères, de frégates et de corvettes furtives, ainsi que des systèmes de détection et de différenciation des matériels amis et ennemis pour la marine. Et, pour les forces aériennes, des aéronefs modernes de transport tactique, des chasseurs multi-rôles lourds, des drones et des ravitailleurs en vol. Bref, du high-tech. N. K.