Depuis le lancement, il y a environ une dizaine d'années, de la réforme hospitalière qui a réorganisé les établissements hospitaliers et leur fonctionnement, les choses ont beaucoup changé. Dans le bon sens heureusement, même s'il reste énormément à faire pour avoir un système de santé performant dans notre pays. Les pouvoirs publics ont commencé par revoir l'organigramme de ces établissements en créant des Etablissements de proximité de la santé publique (EPSP) qui chapeautent désormais les polycliniques et les centres de soins, les Etablissements publics hospitaliers (EPH) qui peuvent s'occuper de la petite chirurgie en plus des consultations médicales classiques (spécialisées et de médecine générale) ainsi que les Etablissements hospitaliers spécialisés (EHS) qui prennent en charge les patients chacun dans sa spécialité précise. En outre, le nouvel organigramme du système de santé a maintenu les Centres hospitalo-universitaires (CHU) consacrés aux grandes chirurgies et la formation universitaire. Il faut dire que la transition a été très difficile. Une période de flottement a créé de sérieux problèmes à ceux chargés de gérer ce passage vers le fonctionnement sur la base du nouvel organigramme. La nouvelle organisation visait entre autres à désengorger les pavillons des urgences des CHU, en encourageant les citoyens à se diriger vers ceux des polycliniques que les responsables du secteur ont complètement réorganisés. Mais il a fallu de nombreuses années pour que la population finisse par accepter, en partie, de faire confiance au personnel médical et paramédical des structures hospitalières de proximité. Ce n'est pas encore la fin du calvaire pour le personnel des urgences des CHU mais la débandade à laquelle on y assiste habituellement n'est plus qu'un mauvais souvenir. Sauf dans certaines situations exceptionnelles qui pourraient s'expliquer par plusieurs facteurs et qui devraient interpeller le sang froid du personnel mais aussi des proches des malades évacués pour éviter les tensions inutiles et nuisibles surtout aux patients eux-mêmes. Au fur et à mesure que la tension baissait au niveau des CHU et certains EPH, l'Etat s'affairait à équiper ces établissements avec du matériel de dernière génération. A la faveur de l'embellie financière que l'Algérie a connue durant la décennie 2000, des centaines d'établissements hospitaliers ont bénéficié d'équipements de pointe dont des scanners, des IRM, des unités de thrombolyse qui prennent en charge des victimes des AVC, des unités d'angiographie permettant d'intervenir sur le cœur du patient sans chirurgie ainsi que des lithotripteur extracorporel dont la mission est d'éliminer les calculs rénaux ou biliaires volumineux par le biais d'ondes de choc ultrasonores, donc sans chirurgie. Les CHU ont également été équipés d'appareils de neuro-navigation, de radios mobiles, de générateurs d'hémodialyse et de microscopes opératoires. Toute cette restructuration et tous ces équipements permettent d'améliorer la prise en charge du malade, quand l'humain se met de la partie, c'est-à-dire quand le personnel médical et paramédical se décide d'accomplir sa mission convenablement. Parce que visiblement, ça ne se passe pas toujours bien dans tous les établissements dont certains sont souvent critiqués par les malades et leurs proches. Dans certains établissements, les citoyens continuent à souffrir d'un accueil exécrable, certains membres du personnel ayant gardé les vieilles habitudes de je-m'en-foutisme qui a nui longtemps au secteur. Il y a cependant un paradoxe incompréhensible dans cette évolution des établissements de santé. A un moment où des appareils super sophistiqués sont achetés à coups de dizaines de milliards, il se trouve des établissements hospitaliers en Algérie qui tombent en panne de petits consommables comme les seringues, les gants, ou les réactifs quand il s'agit des analyses. Cela ne peut relever que d'une mauvaise gestion des établissements ou peut-être de l'habitude, encore une autre, qui donnait droit au personnel des hôpitaux de disposer de ces consommables comme bon leur semblait. Il est effectivement temps de mettre fin à cette mauvaise gestion qui ridiculise une institution qui montre fièrement les dernières acquisitions technologiques mais qui est incapable d'assurer la disponibilité de petits matériels. A un moment où l'on parle de télémédecine ou de consultations via visioconférence. En effet, la prise en charge médicale de la population du Sud du pays a connu récemment une évolution qui peut être salvatrice pour des milliers de malades des wilayas de l'extrême sud. Certains CHU du nord ont été dotés d'appareils permettant d'effectuer des consultations médicales à distance. Une avancée considérable pour cette population qui a de tout temps été marginalisée, voire négligée par les pouvoirs publics. Cela intervient après la mise en place des opérations de jumelage qui ont été d'un grand secours à la population du sud et d'un grand soutien aux médecins exerçant dans les établissements hospitaliers de ces wilayas éloignées des centres de décision. M. B.