Pour la troisième fois consécutive, tous les regards sont braqués sur un homme dont l'ambition est connue d'avance : Abdelaziz Bouteflika va se représenter, encore une fois, à l'élection présidentielle d'avril 2009 comme il l'a déjà fait une première fois en 1999 et une deuxième en 2004, deux scrutins remportés haut la main, malgré les contestations d'une partie de la classe politique nationale. Sans jamais afficher clairement ses intentions, l'actuel président de la République a toutefois tout mis en œuvre pour montrer qu'il ne compte pas renoncer à briguer un autre mandat présidentiel. Avant même d'amender la Constitution, notamment le fameux article 74 qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels possibles, Abdelaziz Bouteflika a commencé à aborder l'après-2009 dans plusieurs de ses activités, à commencer par les auditions de ses ministres au mois d'octobre 2008, au cours desquelles les contours d'un nouveau plan quinquennal ont commencé à se dessiner. Une attitude qui laisse entrevoir un autre mandat pour Bouteflika. Mais ce mandat doit passer, logiquement, par plusieurs étapes. La première, franchie le 12 novembre 2008, a consisté à amender la Constitution - amendement justifié par le souci de donner un «libre choix au peuple». Mais cette initiative a été précédée par une campagne sans précédent des partis de l'alliance présidentielle qui, par le biais du FLN d'abord, ont commencé à revendiquer une révision de la Constitution, de sorte à permettre au chef de l'Etat de se représenter. Cela a commencé en 2005, c'est-à-dire tout juste une année après le début du deuxième mandat. Beaucoup y voyaient une «diversion» de la part du FLN. Il n'en était rien, puisque trois ans après, «la demande» du Front de libération nationale a été acceptée. Entre temps, le Rassemblement national démocratique de Ahmed Ouyahia, éloigné du gouvernement en 2006 avant de retrouver son fauteuil en juin 2008, s'est rallié à la cause de Abdelaziz Belkhadem et demande un troisième mandat pour le chef de l'Etat. A ce jour, Abdelaziz Bouteflika ne s'est pas encore déclaré candidat. Mais ses partisans font tout comme si leur champion s'est jeté dans l'arène. Mais avant cela, les partis de l'Alliance, au même titre d'ailleurs que des dizaines d'organisations (dont certaines n'ont que le slogan) mettent la pression et commencent déjà à s'organiser. Des réunions de coordination se sont tenues à quelques jours d'intervalles. Et l'objectif est le même : passer du stade de la revendication à celui de l'organisation. Puisqu'en plus de la direction de campagne officielle, dont l'installation a déjà été annoncée par la presse, les trois partis politiques et leurs alliés ont mis en place une coordination qui leur permettra de préparer le terrain et anticiper sur une campagne qui ne risque apparemment pas de faire des surprises. Car, si les partisans de l'actuel chef de l'Etat sont presque sûrs que leur champion remportera le scrutin, ils préfèrent y mettre un peu de sel en concourrant avec de «grosses pointures». Mais pour les partisans de Bouteflika, un seul objectif compte : la victoire.