Venir à bout de l'habitat précaire, cela paraît une gageure tant le phénomène a pris de l'ampleur. Le parc immobilier est constituée d'une importante part de vieux bâti qui est arrivé à l'usure et qui s'effondre au fil du temps. Les séismes et les inondations en ont rajouté à cet affreux tableau qui défigure nos villes et allonge la liste des sans-abri dont le recasement provisoire traîne en longueur par la force des choses. Il y en a qui ne connaissent rien d'un logement décent, tant ils ont toujours vécu dans des habitations de fortune destinées à leur recasement, comme c'est le cas des sinistrés de Oued Koriche. D'autres ont été recasés le temps que leurs habitations soient restaurées ou que des logements leur soient octroyés. Mais pour un certain nombre d'entre eux, la solution est restée en suspens, prolongeant indéfiniment leur séjour dans les centres de recasement et dans les chalets dont la durée de vie arrive à expiration. Ils sont nombreux, ces sites qui ont fini par faire partie du paysage et qui font de leurs occupants d'éternels sinistrés. Leurs appels aux pouvoirs publics restent sans écho, et c'est la peur au ventre qu'ils envisagent leur avenir. La peur au ventre et le désarroi au cœur. Partout dans le pays, les sinistres et les démolitions de vieilles bâtisses menaçant ruine ont laissé bien des personnes sans un toit mais qui ont espéré retrouver leur dignité en quittant rapidement les chalets et les centres de recasement. Les délais fixés par les autorités sont largement dépassés et c'est la mort dans l'âme que les sinistrés voient leur relogement repoussé indéfiniment. Pis, ils sont chaque jour délestés de l'espoir de se voir un jour hors de ces lieux livrés à toutes sortes de dangers et infestés de rongeurs. En attendant que l'on se retourne sur eux et que l'on prenne leur situation en main, ils voient leur existence se dérouler au rythme des fissures et des craquements de ces chalets qui n'en peuvent plus de les abriter. R. M.