Selon les dernières statistiques portant sur la période «pré-Brexit», la croissance au Royaume-Uni a fait preuve d'une belle santé : la progression du PIB y a accéléré de manière inattendue à 0,6% au deuxième trimestre, après 0,4% au premier, a annoncé ce mercredi l'Office des statistiques nationales (ONS). Ces chiffres portent en effet sur les trois mois d'avril à juin et concernent donc - pour l'essentiel - la période précédant le référendum du 23 juin, qui s'est traduit par un vote en faveur d'une sortie du pays de l'Union européenne. Les économistes tablaient sur une croissance de 0,5%, selon un consensus établi par Bloomberg, et certains attendaient même une stagnation de l'économie, imaginant que la prudence d'avant référendum aurait conduit à des gels des investissements et des embauches des entreprises, qui semblent finalement ne s'être pas matérialisés. «La plupart des gens pensaient que le Royaume-Uni voterait pour rester dans l'UE donc les craintes d'avant vote n'ont pas été aussi intenses que ce que l'on craignait», a expliqué Alan Clarke chez Scotiabank. En rythme annuel, la croissance à 2,2%, sa meilleure performance depuis le deuxième trimestre 2015, contre 2,0% attendu par les économistes. Cette performance de l'économie britannique est pour l'essentiel due à la plus forte progression de la production industrielle trimestrielle depuis 1999 (2,1%), mais aussi à celle des services et de la construction en avril, mais cet effet s'est largement dissipé en mai et juin, à l'approche du référendum. Le Royaume-Uni devrait maintenant entrer dans une période de turbulences post-Brexit, qui pourrait se traduire par une récession. Vendredi dernier, le premier indicateur publié depuis le Brexit -l'indice des directeurs d'achats « PMI » composite du cabinet Markit- a été de ce point de vue de mauvaise augure : «Le mois de juillet a été marqué par une détérioration spectaculaire de l'économie, avec l'activité des entreprises chutant au rythme le plus rapide depuis le pic de la crise financière mondiale début 2009», avait alors commenté Chris Williamson, économiste en chef de Markit. Une enquête réalisée par Reuters auprès d'économistes a également montré la semaine dernière qu'ils s'attendent à ce que la Grande-Bretagne tombe en récession dans l'année à venir. La Banque d'Angleterre (BoE), qui prévoyait une croissance de 0,5% au deuxième trimestre, a de son côté laissé entendre qu'elle pourrait baisser ses taux directeurs, pour la première fois depuis 2009, dès la réunion de son comité de politique monétaire de la semaine prochaine. Mais «il est clair que nous entrons dans les négociations pour quitter l'UE en position de force économiquement», s'est félicité le nouveau chancelier de l'Echiquier, Philip Hammond, au vu des dernières statistiques. In lesechos.fr