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Jean-Pierre Chevènement dit oui à la présidence de la Fondation de l'Islam de France Conseillant plus de discrétions aux musulmans dans une Interview au Parisien
Pressenti pour présider la Fondation pour les œuvres de l'islam de France, Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Intérieur du gouvernement Jospin, a laissé entendre dans une interview accordée hier au Parisien, qu'il acceptait ce poste en déclarant «Il s'agit d'une tâche d'intérêt public car les 4,1 millions de musulmans que compte la France doivent pouvoir exercer leur culte, mais dans le respect de la laïcité et des principes de la République. Cette mission est tellement d'intérêt public qu'aucun responsable ne peut s'y dérober. Je ne m'y déroberai donc pas, sauf si ma nomination devait entraîner des problèmes insolubles qui me forceraient à me retirer. Je dis à un certain nombre d'hommes politiques de l'opposition : il en va de l'intérêt du pays que cette fondation, d'ailleurs mise en place en 2005 sous la présidence de Jacques Chirac, puisse enfin fonctionner». En réponse aux critiques de ce choix du fait qu'il soit une personnalité politique non-musulman, M. Chevènement a expliqué que la Fondation a une vocation d'intérêt général et que son futur président ne sera pas chargé de promouvoir l'islam soulignant qu'il n'a pas été proposé pour la présidence de l'association cultuelle qui y sera adossée. L'ex-Premier ministre revient sur l'opportunité de relancer l'idée de cette fondation au moment où «des courants salafistes se développent partout dans le monde, y compris en France depuis une quinzaine d'années, mettant à leur merci certains jeunes à l'esprit fragile». Il affirme que «c'est une bonne réponse à la poussée du terrorisme, conforme à l'intérêt des musulmans, aussi bien qu'à l'intérêt de la France». Sur les missions de la Fondation, Jean-Pierre Chevènement soutient que la première mission devrait être «la formation profane des imams. Il faut leur enseigner ce qu'est la citoyenneté française, le cas échéant la langue française, les principes généraux du droit, en tout cas ceux régissant les rapports entre le culte musulman et les pouvoirs publics (…)», évoquant également la nécessité de «réfléchir à la création d'un institut de recherche - profane -- en islamologie». Jean-Pierre Chevènement explique ensuite qu'il est prêt à prendre la tête de la Fondation, mais non sans condition. Il demande au préalable l'interdiction des financements étrangers des lieux de cultes musulmans en France. «Il me semble que l'islam de France, y compris dans sa version théologique où je n'ai pas à intervenir, doit pouvoir se développer avec des fonds français ou, en tout cas, qu'un mécanisme de transparence soit institué en l'absence de tout ‘fléchage' de la part des donateurs », a-t-il expliqué au Parisien. Il revient également sur la taxe Halal, une mesure évoquée il y a quelques semaines et qui permettrait ; selon ses défenseurs un financement transparent des lieux de culte. «Il faut d'abord que les musulmans s'entendent sur la certification de ce qui est halal. Et la décision leur appartient», a-t-il précisé.Questionné sur sa position sur des problèmes concrets comme le port du voile à l'université, le burkini ou encore les repas hallal dans les cantines, M. Chevènement soutient que «légalement, les choses me paraissent assez claires et modifier la loi n'est pas une priorité. Le conseil que je donne dans cette période difficile — comme le recteur de la mosquée de Bordeaux — est celui de discrétion. Les musulmans, comme tous les citoyens français, doivent pouvoir pratiquer leur culte en toute liberté. Mais il faut aussi qu'ils comprennent que, dans l'espace public où se définit l'intérêt général, tous les citoyens doivent faire l'effort de recourir à la ‘‘raison naturelle''. Un principe que le prophète recommande quarante-quatre fois, selon l'islamologue Jacques Berque, dans le Coran (…). Si nous aimons la France, il faut faire des Français de confession musulmane des Français qui, comme les autres, ont envie de travailler à l'essor de la France. Il y a un intérêt commun à ce que le bateau France tienne la mer, car, s'il devait couler, ce sont tous ses passagers qui couleraient avec lui.» H. Y.