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Flux migratoire : après la Turquie, Angela Merkel se tourne vers l'Afrique du Nord Un accord de réadmission similaire au pacte conclu avec la Turquie sera proposé à l'Algérie
La chancelière allemande Angela Merkel veut que l'Union européenne passe avec les pays nord-africains des accords de réadmission de migrants similaires au pacte conclu avec la Turquie. «Nous allons devoir conclure des accords semblables avec d'autres pays, grosso modo en Afrique du Nord, pour mieux maîtriser les routes migratoires dans le centre de la Méditerranée», a déclaré hier la dirigeante allemande dans la presse régionale (Passauer Neue Presse et Ruhr Nachrichten). La chancelière allemande Angela Merkel veut que l'Union européenne passe avec les pays nord-africains des accords de réadmission de migrants similaires au pacte conclu avec la Turquie. «Nous allons devoir conclure des accords semblables avec d'autres pays, grosso modo en Afrique du Nord, pour mieux maîtriser les routes migratoires dans le centre de la Méditerranée», a déclaré hier la dirigeante allemande dans la presse régionale (Passauer Neue Presse et Ruhr Nachrichten). «De tels accords sont aussi dans l'intérêt des gens qui fuient», a plaidé Mme Merkel sans plus de précisions sur les pays concernés, mais bien évidement l'Algérie, la Tunisie, le Maroc et la Libye devront être les pays concernés surtout que la Libye, plongée dans l'instabilité depuis 2011, est devenue le lieu le plus prisé des passeurs de migrants visant les côtes européennes. Il y a lieu de rappeler que l'Allemagne et l'Algérie ont convenu d'un accord, le 29 février dernier, pour le rapatriement des migrants clandestins algériens. Cet accord a été signé lors de la visite du ministre de l'Intérieur allemand, M. Thomas de Maizière, en Algérie alors qu'il était en tournée dans la région. D'ailleurs, à la même époque, l'Allemagne a signé des accords similaires avec la Tunisie et le Maroc. Les accords signés portent de manière générale sur la sécurité et la lutte contre le terrorisme mais aussi sur la migration illégale, où il a été question du rapatriement des clandestins maghrébins qui se trouvent en Allemagne après une identification sur la base des empreintes digitales. Il s'agit là bien d'un accord de réadmission signé avec l'Allemagne mais qui prévoit la réception, pour chaque pays maghrébin, uniquement de ses ressortissants. Il semble aujourd'hui que la chancelière allemande veut élargir les accords de réadmission avec les pays nord-africains à toute l'Europe mais pas seulement. Cette dernière a bien évoqué un pacte similaire à celui de la Turquie. Et à ce propos, il faut d'abord préciser qu'un accord de réadmission est une convention entre deux Etats visant à contraindre l'un d'entre eux d'accepter de recevoir des personnes qui peuvent être, ou non, ses ressortissants, et qui viennent d'être expulsées par l'autre Etat. De tels accords sont aujourd'hui systématiquement inclus dans les accords d'aide au développement. Le Conseil européen de Séville (2002) avait exigeait «instamment que, dans tout futur accord de coopération, accord d'association ou accord équivalent que l'Union européenne ou la Communauté européenne conclura avec quelque pays que ce soit, soit insérée une clause sur la gestion conjointe des flux migratoires ainsi que sur la réadmission obligatoire en cas d'immigration illégale». Ce qui est complètement différend des six accords de réadmission déjà signé par l'Algérie avec des pays européens entre 1994 et 2007 (France, Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni et Suisse). Pour mieux comprendre, il suffit de rappeler l'accord conclu par l'Allemagne avec la Turquie qui est un accord assez controversé. En mars dernier, les Européens et les Turcs ont négocié un accord visant à freiner l'arrivée de migrants et de réfugiés dans l'UE en contrepartie d'une aide financière et de facilités accordées à Ankara. La Turquie devait reprendre les migrants rejoignant illégalement la Grèce. Le pays d'Erdogan devait garantir le retour en Turquie de toutes les personnes qui arriveront illégalement sur les îles grecques de la mer Egée, selon le principe du «un pour un» (pour chaque Syrien renvoyé en Turquie depuis les îles grecques, un autre Syrien sera réinstallé de la Turquie vers l'UE). En contrepartie, l'UE devait verser trois milliards d'euros pour aider Ankara à améliorer l'accueil des réfugiés, avec la possibilité d'une aide ultérieure du même montant. La libéralisation des visas pour les citoyens turcs faisait théoriquement partie de ces conditions, tout comme l'accélération du processus d'adhésion de la Turquie à l'Union. L'accord de réadmission et l'exemption de visa devaient entrer en vigueur simultanément le 1er juin dernier. Mais cela n'a pas été le cas. Raison qui a amené, le 15 août dernier, le ministre des Affaires étrangères turc, M. Mevlüt Cavusoglu, a menacé de suspendre l'accord dans le cas où «l'Union européenne n'autorise pas d'ici à octobre les Turcs à voyager sans visa», estimant que les européens humilient la Turquie «qui a travaillé comme peu d'autres pays pour remplir les conditions d'adhésion à l'Union européenne, mais ne récolte en retour que des menaces, des insultes et un blocage total». L'Allemagne qui a laissé entrer dans son pays, en septembre 2015, des dizaines de milliers de migrants bloqués en Hongrie, semble aujourd'hui prendre conscience que le pays ne pourra pas faire face à la crise migratoire, surtout que selon les prévisions de ses services secrets un million de nouveaux migrants s'apprêtent à partir pour l'Europe. La chancelière allemande a décidé donc de se retourner vers l'Afrique du Nord. Mais l'Algérie acceptera-t-elle un accord similaire au pacte signé avec la Turquie ? Toute la question est là pour l'Algérie, surtout en ces temps difficiles de crise économique où toute aide sera la bienvenue. H. Y.