Le ministère de l'Education nationale s'emploie laborieusement à redonner au sport la place qui lui revient dans le système scolaire. Les résultats tardent cependant à venir. Il est aujourd'hui clairement établi que la performance de l'école en dépend. Dans les pays les plus avancés dans ce domaine, le sport et la culture sont au centre des programmes pédagogiques. En Algérie, la pratique sportive à l'école a dramatiquement régressé depuis le début des années 1990. Les filles sont très souvent empêchées de faire du sport par leur famille au nom d'une «religiosité» douteuse. Le stratagème usité pour cela consiste à recourir à la complaisance d'un médecin pour l'établissement d'un certificat médical dispensant la fillette de tout exercice physique. La gent féminine, qui constitue le gros des effectifs scolarisés, se trouve ainsi paralysée et recluse. Dans l'absolu, aucune maladie et aucune infirmité ne justifient vraiment la non-pratique du sport. Bien au contraire, le sport constitue un remède efficace à tous les maux et il est nécessaire pour la bonne santé, morale et physique, de tout être humain et de toute société. Ce «sexisme» constitue incontestablement le plus grand écueil au développement du sport scolaire. Il va falloir agir fermement à ce niveau pour briser ce tabou indécent. Au poids des préjugés sociaux s'ajoutent d'autres difficultés qui contrarient lourdement la démarche réformatrice de l'autorité de tutelle. Le manque d'infrastructures et de matériel pédagogique, l'absence d'un encadrement spécialisé et de qualité, l'insuffisance de la valorisation pédagogique de cette matière de l'EPS (éducation physique et sportive) et la mauvaise volonté de certains chefs d'établissements qui affichent ostensiblement leur conformisme rétrograde. Il est vrai que l'EPS figure aux examens du BEM (Brevet d'éducation moyenne) et du baccalauréat. Souvent, la vitesse, l'endurance, le lancer de poids et le saut en longueur sont les quatres exercices retenus pour évaluer les aptitudes athlétiques des élèves. Seulement, tous les établissements n'accordent pas toute l'attention et le sérieux requis à ces épreuves sportives. Les enseignants attribuent gentiment de très bonnes notes à tous les élèves pour «les aider à compenser leurs faiblesses dans les autres matières et augmenter le taux de réussite scolaire de l'établissement», avoue un enseignant qui souligne que «cette pratique est largement répandue à travers tout le pays». Etant certain d'avoir une très bonne note en fin d'année, l'élève ne fait aucun effort pour améliorer ses performances sportives et se permet, à chaque fois, d'invoquer divers prétextes pour ne pas assister à la séance d'EPS. Ce laisser-aller sape aussi en profondeur le sport scolaire. Les inspecteurs de l'éducation doivent contrôler de très près le travail des enseignants du sport pour les contraindre à s'aquitter convenablement de leur mission. En matière d'infrastructures, le ministère s'est employé à résorber progressivement le déficit enregistré. Tous les nouveaux établissements sont généralement dotés de salles ou de terrains omnisports. Il s'agit d'une bonne décision qu'il faut saluer. Pour cette rentrée, le secteur de l'éducation à Béjaïa (à titre d'exemple) a réceptionné quatre salles de sports et deux aires de jeux. Aussi, des conventions de coopération ont été signées dans ce sens entre le ministère de l'Education nationale (MEN), celui des Sports (MS) et les collectivités locales. Il faut, désormais, dynamiser ces accords et concrétiser les objectifs qui leurs sont assignés. En somme, il y a un grand travail de promotion, coordination, maturation, suivi et d'amélioration constante à faire pour avancer concrètement dans cet ambitieux projet de revitalisation du sports scolaire. K. A.