A l'occasion de l'enterrement de Shimon Peres, présenté comme un homme de «paix» par les médias occidentaux pro-israéliens et considéré comme un criminel de guerre par les Palestiniens et la rue arabe, la situation des Palestiniens reste plus que jamais sujette à interrogation. Malgré l'accession de la Palestine au statut d'Etat observateur à l'ONU, malgré la reconnaissance par plus de 130 capitales, les Palestiniens attendent toujours leur Etat indépendant La mort de Shimon Peres, présenté par les medias occidentaux et les gouvernements de certaines puissances comme un homme de «paix» alors que son parcours reste celui d'un criminel de guerre et d'un promoteur du colonialisme, aura été l'occasion de faire un bilan de situation de la question palestinienne dans une conjoncture régionale plus que jamais désastreuse. Pour les Palestiniens Shimon Peres aura été un criminel de guerre et un incitateur à la colonisation sans fin, malgré un discours convenu adressé aux opinions occidentales. C'est que les Palestiniens restent toujours à la recherche de leur Etat, mille fois promis par ceux qui sans cesse parlent de paix et mettent sur un même pied d'égalité la victime et le bourreau. Un bourreau qui jouit d'une impunité particulièrement ahurissante sur le plan international. L'Etat colonial fait même des affaires avec beaucoup d'Etats dans le monde malgré son déni du droit international. L'Etat palestinien n'est devenu en fait qu'un leurre pour que l'occupant gagne du temps et puisse imposer le fait accompli sur le terrain. Les puissances occidentales, qui se présentent comme les garants de la «légalité internationale», ne parlent presque plus de colonisation mais de «conflit israélo-palestinien», vocable générique usité pour brouiller une situation de déni de droit historique. Récipiendaire du fameux Prix Nobel de la paix en 1994, en même temps que Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, récompensant la signature des accords d'Oslo, Shimon Peres fut surtout l'un des promoteurs de la colonisation, obstacle majeur à l'existence de l'Etat palestinien. Comment parler de «paix» alors que Paris, Londres et Washington n'osent même plus avertir de véritables sanctions la puissance occupante, Israël. C'est le contraire qui se produit. Récemment Washington a conclu un contrat militaire historique avec Tel Aviv. De quoi détruire tous ses voisins. Pour les Palestiniens qui vivent sous occupation et qui voient, jour après jour, les colonies de peuplement grignoter leur territoire c'est la désillusion. L'espoir d'Oslo a cédé la place à un sentiment de s'être fait encore une fois floué par la «communauté internationale». Malgré la reconnaissance par plus de 130 Etats dans le monde, les Palestiniens attendent toujours leur Etat indépendant. En 2017, cela fera cinquante ans que la Cisjordanie et Al-Qods sont occupés par l'armée israélienne. Et la bande de Ghaza reste une grande prison à ciel ouvert ou la population vit dans des conditions de précarité extrêmes. Ladite «communauté internationale» c'est-à-dire les grandes puissances qui imposent leur vue dans le monde, continue à mettre sur un pied d'égalité l'occupant et l'occupé, la violence coloniale et la résistance. Pourtant la légalité internationale est claire et sans ambigüité sur ce plan : «Tout peuple a le droit de se battre avec ses moyen pour son existence et son indépendance». Comparer les assassinats ciblés perpétrés par la soldatesque d'Israël, les punitions collectives, les bouclages de territoires, la liberté laissée aux colons pour tuer et terroriser les paysans palestiniens, détruire leurs récoltes, incendier leurs oliveraies centenaires, avec les actes de la résistance palestinienne relève d'un état d'injustice insoutenable. La colonisation, seule réalité Même si, aujourd'hui, il existe une certaine unanimité sur le fait que la colonisation est l'un des principaux obstacles pour l'avènement d'un Etat palestinien viable, il demeure une constante : l'incapacité à prendre les mesures appropriées pour faire cesser cette politique inique israélienne et tirer les leçons des dernières années des «négociations du vent». A l'image des accords d'Oslo décriés déjà en leur temps par certains intellectuels de renom comme Edward Saïd. L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) avait signé ces accords sous une dantesque pression américaine et dans un contexte international marqué par la disparition de ses principaux soutiens. Les pays arabes, dont une grande partie engoncée dans le giron US, étant incapables de peser dans la balance. Ces accords particulièrement déséquilibrés n'accordaient aux Palestiniens qu'une souveraineté totale sur 20% de leur territoire. Le reste étant divisé en zone sous sécurité israélienne et en zone sous souveraineté israélienne totale. À terme était prévue la création d'un Etat palestinien dès lors qu'Israël restituait une partie des territoires occupés. Mais, faute de véritables mécanismes de mise en œuvre, l'occupant a amplifié sa politique de colonisation sans que quiconque n'ose imposer des sanctions contre Israël. Il demeure évident que tant que ne survient pas une justice internationale forte capable de forcer Israël à respecter le droit international les négociations ne seront que poudre aux yeux. Aujourd'hui, encore, il y a une tentative de remettre en branle un processus de paix entre Palestiniens et Israéliens sous l'impulsion de la France. Mais l'obstacle reste récurent : rien n'est prévu pour forcer Tel-Aviv à se conformer au droit international. L'actuel Premier ministre israélien, l'extrémiste Benyamin Netanyahou, qui se moque des droits des Palestiniens doit se féliciter aujourd'hui en voyant que Paris, qui avait pourtant menacé de reconnaître officiellement l'Etat de Palestine en cas de nouvel échec, fait marche arrière. Jouissant de l'impunité internationale, il annoncera récemment, au siège même de l'ONU, que l'Etat colonial entretient des relations diplomatiques avec plus de 160 pays dans le monde. Dont certains pays arabes autres que l'Egypte et la Jordanie. Dans les territoires toujours occupés le sentiment qui prévaut largement est sans appel : après des décennies d'échec et d'arnaques les Palestiniens veulent en finir avec la comédie du processus de paix, synonyme de malheur et de souffrance et de passer à la résistance à grande échelle. Seule issue (l'Histoire le dit) pour recouvrer ses droits. M. B.