Les chiffres officiels sur le chômage sont entachés de discrédit. Ils sont en contradiction avec la réalité. A propos du taux de chômage pour 2008, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, a soutenu récemment qu'à l'Office national des statistique l'enquête est terminée et que les résultats seront connus dans les prochaines semaines. «Ce qui est sur, c'est que le taux [11,8% en 2007] va vers la baisse», a-t-il anticipé. Le secrétaire général du ministère du Travail a assuré, de son côté, qu'en matière de création d'emplois, les prévisions pour l'année 2009 - création de 400 000 emplois - seront certainement dépassées. Argumentant, M. Anan explique que plus de 750 000 emplois ont été créés en 2008, sans inclure les secteurs ne dépendant pas de l'agence, comme ceux de l'agriculture ou de la solidarité nationale. Le même responsable ajoute que, pour l'année en cours, les prévisions du taux de chômage passeront vraisemblablement sous la barre des 10% à la fin 2009 (contre 11,8 en 2007). Le ministre de la Solidarité nationale ne pouvait se priver de commenter ce cafouillage, déclarant que le taux du chômage est passé au-dessous de 10 %. Les Algériens qui vivent quotidiennement le mal de l'oisiveté seraient tentés d'applaudir à de telles prévisions si elles n'étaient pas en net déphasage avec la réalité. Car il faudrait être frappé de cécité pour ne pas voir l'inquiétante avancée du chômage au sein de la société, particulièrement au sein de la jeunesse. Ceux qui tiennent ce genre de discours savent pertinemment que les chiffres avancés sont erronés. Mais à force de les répéter, nos dirigeants ont fini par croire à leurs mensonges. La raison qui indique que le taux de chômage en Algérie est souvent présenté en courbe décroissante est que les enquêtes de recensement prennent en considération les contrats de pré-emploi et les contrats de travail à durée déterminée. Or, ces embauches ne représentent pas des emplois permanents. Il serait donc plus approprié pour les responsables d'un secteur aussi névralgique que l'emploi d'œuvrer, primo, pour la préservation des emplois existants et, secundo, de réunir les vraies conditions d'intégration de la jeunesse dans le monde du travail de manière durable. Transmettre à la population algérienne et aux institutions internationales de faux chiffres ne règle en rien la problématique. Cela discrédite davantage les instances et les départements tenus de proposer des solutions à ce véritable problème. Maîtriser la politique de l'emploi, c'est se donner toutes les chances de stabilisation de la société. C'est pour cette raison que le gouvernement doit se pencher sur la question et promettre à la jeunesse algérienne un meilleur débouché que celui de harraga…