L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a entamé, vendredi dernier, une réunion technique de deux jours, dans l'objectif de préciser les détails d'un éventuel arrangement entre producteurs pour limiter l'offre sur le marché pétrolier. Cette réunion, faut-il le rappeler, est le résultat d'une décision prise par l'Opep en marge du Forum international de l'énergie, tenu le 28 septembre dernier à Alger, afin de plafonner la production à un niveau compris entre 32,5 et 33 millions de barils par jour. La réunion du comité technique à Vienne devait permettre, à l'issue des travaux du premier jour, d'identifier le volume de production de chacun des membres de l'Opep, tout en discutant de la participation des pays non membres durant la journée d'hier. Cependant, l'Opep, qui avait invité 12 pays non membres, y compris la Russie, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan et le Mexique, n'a pas réussi à s'entendre sur les modalités d'application de son accord de réduction de la production et cela en en raison de mésententes concernant le niveau de production de l'Iran, selon des sources de l'Opep, cités par des médias. L'Iran, principal rival de l'Arabie saoudite dans la région, qui subit encore les conséquences des sanctions économiques occidentales qui l'ont paralysé avant d'être levées, en janvier, s'est exempté de la réduction de sa production. De même que l'Irak qui a également annoncé qu'elle ne participerait pas à un accord car elle est engagée dans une guerre contre l'organisation Etat islamique (EI). La Libye et le Nigeria souhaitent eux aussi bénéficier d'une exemption en raison des répercussions sur leurs productions de conflits et de sanctions, selon des sources de l'Opep. «Ça devient difficile», a déclaré un délégué de l'Opep. Cela pourrait enrayer tout accord à l'Opep, estiment certains analystes. Ne perdant cependant pas espoir, le Comité technique de haut niveau de l'Opep se rencontrera à nouveau à Vienne le 25 novembre, avant la prochaine réunion des ministres de l'Opep prévue le 30 novembre, afin de «finaliser les quotas individuels», selon les mêmes sources. Le Comité n'a certes aucun pouvoir de décision et se contentera de faire des recommandations en prévision de la prochaine réunion plénière de l'Opep du 30 novembre, cependant et selon différentes sources citées, le rapport du comité suggère que compte tenu de la réticence des pays mentionnés à participer à la réduction de la production, l'Arabie saoudite pourrait décider à faire davantage de sacrifices afin de clore le marché. Du côté des pays non Opep, le comité d'experts a rencontré hier les représentants de ces pays. La délégation russe s'est refusée à tout commentaire avant la réunion. Mais l'Opep et la Russie - principal producteur de pétrole avec l'Arabie saoudite - ont tenu plusieurs réunions récemment afin de resserrer leur coopération pour diminuer la volatilité des prix. «Il y a un besoin pressant et urgent d'accélérer le rééquilibrage», a dit le ministre russe de l'Energie, Alexander Novak, lors d'une récente visite à Vienne. De plus, après la rencontre entre le ministre de l'Energie vénézuélien, Eulogio Del Pino, et son homologue russe, Alexander Novak, mardi dernier pour discuter de la progression du gel de la production, ce dernier a déclaré dans un communiqué que les parties ont discuté de la participation des pays de l'Opep et des pays non membres au gel de la production, tandis que plusieurs versions de l'accord sont en cours d'élaboration. Cette déclaration survient après qu'une publication russe ait cité «une source issue de l'organisation» disant que «l'accord serait prêt à 90%». «La procédure de rétablissement a pris trop de temps et nous ne pouvons prendre le risque de retarder l'ajustement plus longtemps», a affirmé Mohamed Barkindo, secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, en prenant la parole à l'ouverture des débats de cette rencontre technique. «Aussi, nous pourrions attendre un maximum d'engagement de tous les membres et non-membres de l'Opep dans ce but et nous en attendons pas moins dans la mesure où c'est notre engagement, non seulement pour nos pays membres, mais pour la communauté dans son ensemble», a-t-il dit. Rappelons enfin que l'Opep a décidé, en septembre dernier à Alger, de réduire la production afin de la maintenir entre 32,5 et 33 millions de barils/jour. Cette annonce, première du genre depuis 2008, a fait monter les prix. Depuis deux ans la production a dépassé la demande, entraînant une chute des prix, qui sont passés sous la barre des 30 dollars en février dernier. Les prix se maintiennent actuellement aux environs de 50 dollars le baril. H. Y./agences