S'il est certain que le secteur de l'agriculture dépend grandement des aléas climatiques, les cultivateurs restent aussi tributaires en grande partie de crédits pour financer leurs investissements ou leurs campagnes agricoles. Ce qui jusqu'ici relevait plus de l'impossible dans la mesure où la seule banque publique habilitée à prendre en charge les besoins de crédit des travailleurs de la terre, à savoir la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR), n'a dans la réalité jamais assumé sa mission de pourvoyeuse de fonds ou en clair d'assister les agriculteurs dans leurs activités, d'après ces derniers. Mais du Côté de la BADR, c'est un autre son de cloche. Après avoir, pendant longtemps, souffert du défaut de recouvrement par un grand nombre de ses agriculteurs débiteurs, la BADR a tenté de se faire rembourser mais sans pour autant y arriver sauf exception. Les énormes difficultés rencontrées par la BADR pour parvenir à ce but ont fini à la longue par obliger la banque à y renoncer. Du coup, cet établissement public s'est vu contraint d'ériger d'autres règles d'octroi de crédits aux agriculteurs qui se sont traduites par un excès de prudence à l'égard de cette catégorie professionnelle. Une prise de position considérée dans le milieu bancaire comme légitime. Ce que ne partagent pas les demandeurs de crédit, considérant par là que les mesures prises par cette banque sont de loin irréalistes eu égard à la qualité des demandeurs de crédit, étant pour la majorité des exploitants agricoles sans titre de propriété mais jouissant d'un droit d'exploitation que leur accorde la loi 87/19 du 18 décembre 1987. Toujours dans ce même constat de défaut de crédit aux agriculteurs et selon une étude, il s'est avéré que plus de 100 000 exploitations reconnues bancables trouvent des difficultés à obtenir des crédits auprès des banques. Ces dernières visiblement échaudées par le feuilleton de la dette des agriculteurs, ont continué à faire preuve de frilosité pour financer des investissements agricoles ou à moindre volume le financement de crédits de campagne. Malgré le rachat des créances des agriculteurs, d'un montant de 40 milliards de dinars, par le Trésor public, les agriculteurs sont restés sur leur faim. Et pour preuve, ils trouvent toujours des difficultés à se faire accorder des crédits bancaires. Et donc les plus vulnérables de cette catégorie ont cherché d'autres sources de financement. Ils iront d'ailleurs la chercher chez des particuliers en contrepartie d'un arrangement tacite sous le titre d'un partenariat fictif car contraire à la loi. Rappelons dans la foulée que, sous l'ère de Saïd Barkat, il était question de mettre en place une banque spécialisée pour pallier le faible engagement des banques déjà existantes sur la place financière. Un projet qui d'ailleurs n'a jamais vu le jour au grand détriment de terres agricoles aux potentialités reconnues mais malheureusement inexploitées efficacement par manque de financement.