Photo :S. Zoheir Par Ziad Abdelhadi Dans le secteur des assurances agricoles on soutient qu'«un risque ne peut être assurable que s'il réunit certaines conditions de nature technique et économique». Il doit en outre «avoir un caractère permanent, c'est-à-dire, en clair, constituer un risque latent». Par ailleurs, des spécialistes dans le domaine affirment qu'il existe des risques non assurables, car difficiles à définir, et d'expliquer dans ce cas : «Ils ont un effet qui peut se manifester sur de vastes étendues donnant au sinistre un caractère de généralité, à l'instar de la sécheresse par exemple.» Est-ce pour autant que le risque sécheresse n'a pas été introduit dans le listing des produits d'assurances agricoles ? Ou bien a-t-on délibérément mis en retrait le projet pour éviter de faire face à des volumes d'indemnisation importants et, de surcroît, à répétition, qui peuvent se chiffrer à des milliards de dollars ? Aujourd'hui, la décision d'introduire le risque sécheresse comme produit d'assurance signifie que les partisans d'une telle idée ont enfin convaincu les derniers sceptiques de l'intérêt d'une telle initiative. L'argument avancé par la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA), tient la route dans le sens où des responsables de la caisse soutiennent que le nouveau produit tend à éviter «un remake des scénarios catastrophiques de ces dernières années qui ont nécessité l'annulation des dettes de plusieurs agriculteurs». Et d'indiquer : «Cette décision est motivée surtout par le fait que plusieurs agriculteurs endettés, touchés par la sécheresse et les inondations des deux dernières années, se sont retrouvés dans l'incapacité de rembourser les dettes contractées auprès de la CNMA et de la BADR [Banque de l'agriculture et du développement rural]».Autre argument : vu sous l'angle de la production céréalière, on ne peut que s'associer à la thèse que l'assurance du risque sécheresse est nécessaire et d'une grande importance pour les agriculteurs versés dans ce type de cultures, car une telle police d'assurance, en cas de sécheresse, peut les mettre à l'abri financièrement et de même leur permettre de reprendre du service pour la prochaine campagne. «Elle aidera à mieux encadrer les activités agricoles et soutenir les agriculteurs qui subissent trop souvent les retombées financières désastreuses des aléas climatiques sur leurs cultures», explique-t-on dans le secteur des assurances. Et c'est pourquoi cette initiative de rendre assurable le risque sécheresse ne peut être que bien accueillie par les producteurs de céréales. D'autant que le risque sécheresse, qui fait désormais partie des produits d'assurances qu'offre la CNMA, va concerner toutes les cultures stratégiques souffrant, elles aussi, à l'instar des céréales, des aléas climatiques qui pèsent et qui vont continuer de peser lourdement sur les rendements. «Seule une assurance sécheresse peut rassurer les céréaliculteurs qui prennent de moins en moins de risques, en raison des forts aléas climatiques que connaît notre pays», a soutenu M. Cherif Benhabiles, directeur technique des assurances à la CNMA, qui s'exprimait, il y a quelque temps dans la presse. Ce dernier a également indiqué à propos des fonds nécessaires pour la mise en place de ce nouveau produit qu'«ils devraient être mobilisés par la Caisse nationale de mutualité agricole avec l'aide de la Compagnie centrale de réassurance [CCR] qui dépend du ministère des Finances». Et de préciser : «Un comité mixte a été installé par les deux parties afin de ficeler avec l'aide d'une expertise espagnole le dossier technique et permettre le lancement, à titre expérimental dans un premier temps, de l'assurance sécheresse.» Ce même responsable a fait savoir également, toujours au sujet de la mise en marche de ce nouveau produit d'assurances, qu'une expertise espagnole a été également sollicitée pour «épauler» la CNMA dans ses premières besognes de préparation technique. D'autant que la mise en place de ce nouveau produit d'assurance nécessite, selon M. Benhabiles, une technologie spéciale et des fonds importants. Pour ces premières opérations d'expérimentation, la CNMA entend intervenir dans des zones pilotes qui vont servir de données pour établir une cartographie portant notamment sur la pluviométrie et le rendement par hectare, a souligné M. Benhabiles. Et de signaler dans la foulée : «Le nouveau produit permettra, notamment aux petits exploitants, d'accéder à une solvabilité et de prétendre aux crédits bancaires afin d'améliorer leur niveau d'équipement et le rendement de leurs parcelles.» Disons enfin que ce nouveau produit d'assurance arrive en temps opportun puisqu' il va concerner, avant tout, les agriculteurs versés dans les cultures stratégiques, notamment la céréaliculture, qui mérite tout le soutien des pouvoirs publics pour atteindre l'objectif de réduire au plus vite les volumes d'importation de blé.