L'adhésion du Maroc au sein de l'organisation panafricaine fera l'objet d'un vote des Etats membres, représentés par leurs dirigeants pour la plupart, lors du 28e sommet africain qui se tiendra aujourd'hui et demain à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie. Après avoir claqué la porte, en 1984, de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), précurseur de l'UA, pour exprimer son mécontentement suite à la reconnaissance par l'organisation continentale de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), le Maroc revient soumettre sa candidature pour adhérer à l'UA. Le vote des représentants des Etats membres en vue de cette adhésion est prévu aujourd'hui. D'aucun ne peut nier le caractère historique de l'évènement. En effet, si Rabat se plie aux dispositions de l'Acte constitutif et la Charte de l'UA, le Maroc, considéré par l'Organisation des Nations unies (ONU) comme colonisateur de la dernière colonie dans le continent africain (le Sahara occidental), siègera, pour la première fois depuis plus de 30 ans, aux côtés de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), dans une même assemblée. Et ça sera «un échec de la politique de la chaise vide pour le Maroc», comme l'a souligné l'ancien ambassadeur d'Algérie en Espagne, Abdelaziz Rahabi, lors d'une rencontre-débat, à Alger, consacrée à cette question. Le fait qu'ils siègent dans la même organisation africaine, crédible, organisée par un règlement intérieur, régie par une charte et dont les membres sont soumis au respect des frontières, «c'est déjà une reconnaissance par le Maroc de la Rasd», analyse Amari Tahar-Eddine, universitaire, spécialiste du droit international. Rejoignant les leaders sahraouis dans leur analyse, M. Tahar-Eddine voit en l'adhésion du Maroc à l'UA comme une lueur d'espoir dans le dénouement du conflit qui aura trop duré. Selon lui, le temps est venu d'analyser objectivement le revirement marocain pour en dégager des pistes de réflexions très approfondies. «Cette adhésion, tant sur le plan régional qu'international ne peut être qu'avantageuse et porteuse d'espoir à la crise», a-t-il salué. Un espoir que partage également l'ambassadeur sahraoui à Alger, Bechraia Hamoudi, qui voit en cette situation, «l'échec diplomatique du Makhzen et la victoire du Sahara occidental et de l'Afrique toute entière». Mais le royaume chérifien n'arrive pas à se départir de ses vieux réflexes de comploteur et poursuit ses manœuvres dans le vain espoir d'intégrer l'UA sans devoir se soumettre aux conditions d'adhésions. A. B.