La demande d'adhésion du Maroc à l'Union africaine (UA) n'a rien de surprenant, pour l'ancien ambassadeur d'Algérie en Espagne, Abdelaziz Rahabi. "Tout Etat africain désireux d'adhérer à l'UA a le droit de faire sa demande ; si 28 Etats membres de l'Union donnent leur accord, il y est admis", a-t-il déclaré, hier, lors d'une conférence-débat organisée au Centre d'information sahraoui, à Alger, par le Comité des journalistes algériens de soutien au peuple sahraoui. Pour l'ex-ministre de la Communication, "dire que le Maroc adhère à l'UA pour remettre en cause sa Charte constitutive et ses principes n'a aucun sens en droit international". M. Rahabi a, en outre, indiqué que tout Etat intégrant l'UA se doit de "respecter ses textes et statuts", en rappelant au passage que le Parlement marocain a ratifié "à l'unanimité", la semaine passée, la Charte constitutive de l'UA, y compris son article 4 qui porte notamment sur "l'égalité souveraine" et "le respect des frontières existant au moment de l'accession à l'indépendance". Plus loin, l'intervenant fera savoir que le voisin de l'Ouest a, néanmoins, "décidé de faire de cette demande d'adhésion un sujet à répétition". L'ancien ministre laissera entendre que ce qui pose problème dans cette affaire, "c'est ce battage médiatique marocain", non sans reconnaître que Rabat "veut se faire de la publicité". De son côté, Tahar-Eddine Amari, maître de conférences à l'université de Tizi Ouzou et spécialiste en droit international, a abordé les "2 problématiques" que soulève la demande d'adhésion du Maroc : "la problématique de procédure" comprenant, entre autres, l'application de l'article 29 de l'acte constitutif de l'UA et "la problématique de fond", qui renvoie aux "principes" de l'UA et qui pose principalement "la question de la paix" dans le continent. Dans ce cadre, l'universitaire s'est demandé si la demande marocaine ne comporte pas des "arrière-pensées" et si elle ne constitue pas "une manœuvre" destinée à "déstabiliser l'UA de l'intérieur", en rappelant la campagne entamée par Israël, en Afrique, en faveur de l'adhésion marocaine. Par ailleurs, M. Amari a soutenu que "l'adhésion du Maroc à l'UA est une reconnaissance indirecte de la République sahraouie", sans exclure toutefois "la possibilité" d'un rapprochement entre les stratégies, marocaine et israélienne, qui consiste à "vider l'UA de sa substance". Lors du débat, Abdelaziz Rahabi n'a pas non plus écarté l'idée que le Maroc chercherait à "affaiblir" l'UA en la vidant de "son contenu", à savoir ses principes de paix, de développement, de solidarité, ceux relatifs aux droits de l'Homme et à l'environnement. Le ministre reviendra sur "l'amplification" de la demande marocaine, qualifiée de "marketing d'un retour en Afrique", destinée à l'opinion marocaine et aussi à montrer que la question sahraouie est "un problème entre Alger et Rabat". "À ce jour, aucun pays dans le monde ne reconnaît la souveraineté du Maroc au Sahara occidental", signalera-t-il. Hafida Ameyar