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«Il n'y aura pas de débat autour de la Rasd, le débat est autour d'une demande d'adhésion du Maroc à l'UA» Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra :
Adhésion du Maroc, réforme de l'UA, crise libyenne... le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, revient pour Jeune Afrique, et sans détours, sur les principaux enjeux du 28e sommet des chefs d'Etat africains à Addis-Abeba, dont la demande d'adhésion du Maroc, inscrite à l'ordre du jour est examinée à partir d'aujourd'hui. Jeune Afrique : Alors qu'il était attendu en juillet à Kigali, où il n'est pas venu, le roi du Maroc, Mohammed VI, est finalement présent à Addis Abeba. Cela crée l'événement… Qu'en pensez-vous ? Ramtane Lamamra : Chaque pays conduit ses relations internationales comme il l'entend, je n'ai pas à me prononcer sur ce que fait le chef de tel ou tel Etat. Les relations entre le Maroc et l'Algérie sont décrites comme difficiles… Elles sont fraternelles, depuis toujours, même quand il s'agit de parler de dossiers importants. Parmi eux, le retour du Maroc au sein de l'Union africaine (UA). Est-ce la réintégration d'un membre fondateur de l'OUA devenue UA en 2002, ou une nouvelle adhésion à une nouvelle organisation ? Il n'y a pas de débat, ceci est de la rigolade. Il y a une nouvelle organisation, et il y a un Etat qui n'a jamais appartenu à cette organisation. Il n'y a pas besoin de sortir de la Sorbonne ou d'avoir un doctorat en droit pour en conclure qu'il s'agit d'une adhésion. Le reste, c'est de la propagande. Pourtant, la dernière adhésion d'un pays à l'UA avant le Maroc, le Soudan du Sud en 2011, avait suscité moins de tergiversations. Un simple communiqué avait officialisé son intégration, après qu'une majorité simple de chefs d'Etats eurent répondu favorablement à sa demande. Pourquoi est-ce si différent pour le Maroc ? Il n'y a aucune comparaison possible entre les deux situations. Pourquoi, s'il s'agit d'une simple adhésion ? Au Soudan du Sud, il y a eu un référendum, entériné par les deux parties et les Nations unies et soutenu par l'Union africaine. Est-ce le cas dans l'autre situation (l'ONU et l'UA ont demandé l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental, Ndlr) ? Craignez-vous qu'un débat s'installe entre les partisans de l'entrée du Maroc (qui souhaitent que la Rasd soit un jour suspendue de l'UA) et les défenseurs des Sahraouis ? Il n'y aura pas de débat autour de la Rasd, c'est un membre fondateur qui bénéficie des mêmes droits et obligations que tout le monde. Le débat est autour d'une demande d'adhésion du royaume du Maroc à l'Union africaine. Point final. Que pensez-vous du projet de réforme de l'institution qui sera présenté aux chefs d'Etat lors de la retraite du 29 janvier ? Ce projet de réforme est le signe que l'organisation est vivante, qu'elle sait s'adapter et faire face à des défis multiples, et avec des ambitions internationales, qui sait se remettre en cause dans ses textes, dans ses structures. La taxe de 0,2% sur les importations, afin de financer l'organisation, est-elle la bonne solution ? C'est en tout cas cela qui a été retenu par les chefs d'Etat. Un groupe de dix ministres des Finances a été constitué pour étudier la question de manière très rigoureuse et très professionnelle. Nous avons tout à fait intérêt à ce que l'Union africaine puisse disposer de ressources sûres et constantes, en proportion avec les besoins de financement de ses activités afin d'élargir sans cesse sa marge de manœuvre et son indépendance. L'Algérie est un gros importateur. Ne craignez-vous pas que cela affecte les prix des produits importés ? L'Algérie a toujours fait des sacrifices pour cette organisation. Nelson Mandela a reçu sa formation militaire en Algérie, comme la plupart des cadres des mouvements de libération… Avons-nous jamais envoyé de factures après avoir fait tout cela pour l'indépendance des peuples africains ? Aujourd'hui encore, si nous devons contribuer financièrement davantage, nous le ferons. Nous faisons des sacrifices pour l'UA et pour les peuples, palestiniens compris, qui aspirent à bénéficier de la solidarité de l'Algérie. Pour nous, ce sont des convictions très profondes. Un sommet sur la Libye s'est tenu à Brazzaville, le 27 janvier. Le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal était présent. Qu'en est-il ressorti ? Il s'agissait de réunir un comité de haut niveau des chefs d'Etat qui a été créé par l'Union africaine pour que la contribution de cette dernière à une solution entre Libyens, pacifique, transitionnelle et inclusive, puisse se faire dans les meilleures conditions possibles. Ce comité a invité les pays limitrophes de la Libye, et il est question, sur sa recommandation, que le sommet d'Addis Abeba élargisse sa composition pour y inclure formellement l'ensemble des pays voisins. Cela lui donnera davantage de connaissances des subtilités des dossiers, la possibilité d'interagir avec différents groupes humains, différentes personnalités, différentes forces en présence, et tout ceci afin d'être plus efficace. Il sera plus représentatif. Maintenant, il y a une feuille de route, un plan de travail, qui sera soumis au sommet pour approbation. Une rencontre entre le chef du gouvernement d'union libyen, Fayez Al-Sarraj, et le général Haftar, sous l'égide l'UA, est-elle prévue prochainement ? Cela relève de cette feuille de route. Le fait que le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, soit absent de ce sommet, n'est-il pas un problème ? L'Egypte était représentée. Chaque pays apprécie souverainement le niveau de représentation dont il a besoin. Mais Le Caire est très impliqué dans la médiation libyenne… L'Egypte vient d'accueillir la 10e session des groupes voisins de la Libye. C'est dans la continuité des efforts des pays limitrophes que s'inscrira la contribution du comité de l'UA. Il n'y a pas contradiction entre les deux initiatives. Ce sommet sera aussi celui de l'élection du successeur de Nkosazana Dlamini Zuma à la tête de la commission de l'UA. Le bilan de cette dernière est très critiqué… Pour l'Algérie, Mme Zuma a fait un excellent travail, sur tous les plans. Certains ont pu penser qu'elle avait des programmes qui lui tenaient plus à cœur que d'autres, comme la promotion de la femme africaine. J'ai été commissaire avec elle, je sais qu'il y a certains sujets qu'elle a poussés dès l'instant qu'elle a pris ses fonctions. Globalement, son bilan est positif. Parmi les cinq candidats à sa succession, lequel a la préférence de l'Algérie ? Ils sont tous brillants. N'avez-vous pas personnellement œuvré pour que le ministre tchadien des Affaires étrangères Moussa Faki Mahamat soit candidat ? Moussa est un excellent candidat qui n'avait pas besoin de nous. Vous démentez donc cette information ? Il n'avait certainement pas besoin que quelqu'un lui suggère quoique ce soit. Ceci dit, lors de consultations entre pays frères et amis, on peut mettre dans la confidence, par avance, certaines des intentions qu'on peut avoir. Globalement, nous avons des relations de confiance avec beaucoup des candidats. Amina Mohamed (la candidate kényane, Ndlr), nous a également consultés très tôt sur l'opportunité de sa candidature. D'autres également nous ont sollicité, y compris au sommet de la francophonie à Antananarivo. Que voulez-vous ? L'Algérie est un pays qui compte dans cette organisation. Nous ne pouvons que nous en réjouir !