La crise libyenne constitue un sérieux problème pour la communauté internationale. La persistance de la vacance de l'Etat engendre de nombreux soucis pour les pays voisins et l'ensemble la région méditerranéenne. Après six années de guerre fratricide, le pays, exsangue, est transformé en un véritable foyer de maux endémiques qui menace la sécurité et la stabilité de son environnement. Les villes sont des champs de ruines et de décombres. L'infrastructure de base a été systématiquement démolie. Les services publics les plus élémentaires sont inexistants. Les populations, disséminées un peu partout, vivent dans une précarité révoltante. Emigration clandestine, trafics d'être humains, d'armes et de drogues, incursions terroristes, vol et bradage des ressources du pays, l'écroulement du régime de Mouammar Kadhafi a précipité tout le peuple libyen dans l'enfer. Aujourd'hui, plus que jamais, les différents belligérants doivent comprendre que ce massacre inutile doit cesser au plus vite pour sauver le peu qui reste de la Libye. Maintenant que tout est transformé en poussières, les «frères ennemis» doivent, coûte que coûte, se résoudre à faire la paix pour leur propre bien et celui de leur patrie commune. C'est le sage message que l'Algérie ne cesse de marteler depuis le début du conflit en 2011. Ce choix du bon sens, de la modération et de la tolérance a finit par convaincre de nombreux Etats de la région qui militent fortement pour une sortie de crise négociée par les Libyens eux-mêmes. L'Egypte et la Tunisie s'engagent, ainsi, aux côtés de l'Algérie pour dresser les ponts du dialogue inter-libyen inclusif, rapprocher les points de vue des parties concernées afin de les aider à déboucher sur une solution consensuelle et acceptée par l'ensemble des acteurs politiques et toutes les franges du peuple libyen. Les trois pays limitrophes font de la résolution de cette crise qui s'éternise à leurs portes une préoccupation partagée. A l'issue d'une rencontre de deux jours de leurs ministres des Affaires étrangères à Tunis, l'Algérie, l'Egypte et la Tunisie ont clairement signifié leur engagement à lever les écueils qui se dressent devant la mise en œuvre de l'accord onusien de Skhirat. Rejetant toute intervention militaire ou interférence étrangères, les membres de ce triumvirat se promettent d'associer toutes les parties libyennes en conflit aux consultations et aux discussions en cours dans le but de permettre au peuple libyen de se doter d'institutions élues, reconnues de tous et dûment investies pour mettre en place les fondements de l'Etat et, essentiellement, une armée nationale couvrant l'ensemble du territoire libyen. Les trois ministres intensifient leur médiation pour une convergence de vues des frères libyens. Un sommet des Chefs d'Etat des trois pays est prévu prochainement à Alger pour évaluer le chemin parcouru et élaborer l'étape suivante dans cette laborieuse quête de paix et de stabilité. Abdelaziz Bouteflika, Beji Caïd Essebsi et Abdelhafid Al-Sissi comptent peser de tout leur poids pour amener les Libyens à enterrer définitivement la hache de guerre et à envisager l'avenir de leur pays dans le dialogue, la concertation, la démocratie et la tolérance. Plus que jamais, les acteurs libyens sont mis aux devants de leur responsabilité pour éviter à leur pays davantage de sang versé, de dégâts et souffrances. Le général Khalifa Haftar et son armée ainsi que les puissantes milices islamistes doivent faire des compromis pour rebâtir les institutions fondamentales de l'Etat libyen. Aucune autre issue n'est possible. Après six longues années de violence fratricide et de destruction, ils doivent comprendre que le chemin emprunté ne mène nulle part et se résoudre à s'engager dans l'alternative qui leur est proposée par l'ONU, l'Union africaine (UA) et leurs voisins immédiats. Ils ont perdu beaucoup de temps pour cela et passent, aux yeux du monde, pour des inconscients et des assoiffés, totalement aveuglés par le contrôle éphémère de la transition. Car, le peuple libyen n'acceptera plus jamais l'autocratie, la tyrannie et la spoliation de ses pouvoirs et de ses institutions. K. A.