De nombreux projets agricoles, de surcroît de grande importance, sont à la veille d'être cautionnés par le Conseil des participations de l'Etat (CPE). Le CPE qui va se réunir jeudi prochain selon le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, va en effet selon des sources bien introduites, donner son accord à des projets de partenariat public-privé dans le secteur de l'agriculture. Une option à encourager au vu des résultats atteints dans certaines exploitations agricoles, fruits d'un partenariat entre détenteur de droits de concession agricole et détenteurs de capitaux. Cette option est d'autant plus indiquée pour ce qui concerne les terres du domaine public de l'Etat que ces dernières sont souvent en pannes d'investissements, alors qu'elles donnent de hauts rendements de production et n'attendent qu'une exploitation à bon escient. Par Ziad Abdelhadi La loi 10-03 qui permet aux détenteurs du droit de concession sur des terres agricoles d'établir un partenariat avec les détenteurs de capitaux est de plus en plus opérationnelle et va le devenir encore plus quand les derniers sceptiques quant à l'apport d'une telle coopération, c'est-à-dire les détenteurs de droit de concession, vont se rendre à l'évidence que c'est là une option très avantageuse à plus d'un titre. Force est d'admettre aussi qu'à travers cette loi 10-13 promulguée en 2014, le gouvernement a voulu réorienter l'exploitation des terres agricoles du domaine public vers des capitaux capables de transformer les exploitations classiques en «des fermes modernes intégrées». Une option qui n'a rien d'étonnant et encore moins de hasardeux mais plutôt des plus indiquées notamment pour ce qui concerne les terres du domaine public de l'Etat car en pannes d'investissement. Mais toujours est-il que depuis l'entrée en vigueur de ladite loi, les exemples de partenariats dans le secteur se comptent sur les doigts de la main alors que le nombre d'exploitation agricole collectif et individuelle (EAC EAI) est très élevé. En effet, selon le dernier recensement général opéré dans le secteur, le pays compte 30 298 EAC et 66 522 EAI, comptabilisant ensemble 2,3 millions d'hectares, issus, tout autant que les fermes pilotes, du domaine privé de l'Etat. Comme il faut retenir que jusqu'à la fin de l'année écoulée, l'Etat a remis 176 000 actes de concession aux exploitants qui évoluent dans ces structures et dont le nombre est de 219 406 sur les terres du domaine privé de l'Etat. Devant un tel état de lieux, force est d'admettre qu'il fallait mettre un terme à cet «immobilisme» des plus déplorables car s'exerçant sur des terres à fort potentiel de rendement à l'hectare. Mais pourquoi une telle situation ? Les raisons sont multiples. Cependant celle qui demeure la plus évidente réside dans le fait que ceux qui sont détenteurs du droit de concession n'ont pas toujours les moyens et les capacités d'exploitation. Un décalage complexe auquel le gouvernement a depuis cherché à résoudre. Dans cette perspective, l'exécutif a retenu comme solution idoine de lancer des appels d'offres aux grosses fortunes bien en vue dans le pays pour exploiter le million d'hectares, comme prévu dans le programme du président de la République et avec un mode opératoire bien défini. Comme il faut savoir que dans le cadre de la relance du partenariat dans le secteur, le gouvernement avait envisagé de convaincre les EAC et EAI à se transformer en «capteurs» de capitaux pour créer des partenariats nationaux et même étrangers. La loi de Finances 2016 les encourage dans ce sens puisque elle a toute la latitude de le leur permettre et le faciliter. Une option qui en voie de se concrétiser sur le terrain depuis qu'elle a été décidée, lors de la rencontre du Premier ministre avec les agriculteurs le 26 novembre dernier à Aïn Defla, d'accélérer la mise en œuvre du partenariat privé-public et les droits de cession des terres du domaine privé de l'Etat. En clair, le gouvernement a facilité aux détenteurs de capitaux privés, l'exploitation des terres agricoles relevant du domaine privé de l'Etat. Ce qui veut dire en filigrane que le statut de terre agricole du domaine public devra désormais profiter aux grosses fortunes. C'était en tout cas ce que devait annoncer le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à Aïn Defla, puisque ce dernier avait informé bien avant cette rencontre que d'importantes décisions allaient être rendues publiques, mais, revirement de dernière minute, il n'en fut rien. Du coup, on peut se demander pour quelles raisons le gouvernement veut garder au secret cette importante mutation qu'il veut opérer au statut des terres privées de l'Etat et pourtant ces dernières en ont grand besoin quand on sait que le mode d'exploitation actuelle des EAC et des EAC laisse à désirer du fait que leur rendement est en général des plus timides. C'est d'ailleurs ce qu'a fait remarquer lors de sa dernière sortie sur le terrain où il avait en effet dit : «Nous ne pouvons plus nous contenter d'une production de 25 quintaux par hectare alors qu'on peut aisément atteindre les 40, voire 50 quintaux par hectare tout en rappelant que dans certains périmètres agricoles du sud du pays la production varie entre 70 et 80 quintaux par hectare.» Un écart aussi important dans le rendement de production qui ne peut laisser indifférent compte tenu des enjeux relatifs à la sécurité alimentaire du pays. C'est pourquoi il devient impératif à ce que les exploitations agricoles du domaine public change de mode de fonctionnement. En d'autres termes, elles doivent devenir plus performantes. La solution la plus en vue et qui tient la route serait de voir les partenariats entre publics et privés et aussi entre des privés seuls, se multiplier et devenir ainsi des exploitations agricoles où les cultures menées sont intensives. Une stratégie prônée par de nombreux observateurs. Ces derniers soutiennent en effet que la simplification de la mécanique agricole doit désormais permettre l'exploitation des terres agricoles par les détenteurs de gros moyens financiers. En somme et devant l'enjeu futur de la sécurité alimentaire du pays, il devient impératif de mettre en place un nouveau modèle de croissance dans notre secteur de l'agriculture. Selon les experts, ce nouveau modèle peut permettre de passer à une intensification durable des systèmes de production agricole. Car il va devoir produire plus, mieux, avec moins de facteurs de production mobilisés et d'améliorer la productivité rapportée à la même superficie.