Le livre s'isole davantage sous les mutations vertigineuses imposées par les nouvelles technologies. Phénomène mondial qui, en Algérie, cumule autant de dépréciations. Toutes les initiatives des pouvoirs publics à ranimer la flamme de survoler un ouvrage, ou a fortiori de pousser les jeunes à fréquenter massivement les espaces de lecture restent à l'état embryonnaire. Le livre s'isole davantage sous les mutations vertigineuses imposées par les nouvelles technologies. Phénomène mondial qui, en Algérie, cumule autant de dépréciations. Toutes les initiatives des pouvoirs publics à ranimer la flamme de survoler un ouvrage, ou a fortiori de pousser les jeunes à fréquenter massivement les espaces de lecture restent à l'état embryonnaire. Les Bibliothèques mobiles ou celles qui sont implantées dans les maisons de la culture, et les bibliothèques communales sont exploitées éphémèrement par les collégiens et lycéens pour peaufiner les révisions de fin d'année. Une habitude qui perdure faute d'une alternative, issue des gestionnaires, réfléchie apte à inciter le lectorat à priser le folio et en faire un compagnon cérébral. L'écart est devenu important entre le monde livresque et le passionné liseur. Des essais souvent mal régis, dépourvus de concepts clairs, pénalisent l'acte de lire, voire dépiste les adeptes avec des plans incommodes ne répondant guère à la notion de la promotion. Des salons de livre, tremplins organisés pour saupoudrer l'image didactique de quelques villes, ne peuvent apporter l'effet escompté. Au contraire, l'absence de thématique outre le pêle-mêle de mauvais goûts régnant dans les stands, sans véritable étude, enfonce le livre. Lecture à l'école, lecture à la maison, lecture publique ou de plaisir. Seule une minorité s'y adonne avec l'incitation parentale. L'école se charge des programmes et consacre un volume horaire assez réduit à ce segment vital, malgré les promesses des tutelles (culture et éducation) à rendre les patios des établissements scolaires truffés de prose. Des insuffisances pédagogiques ont souvent influé sur l'option. «Il faudra charger une ressource humaine qualifiée qui s'attribuera cette tâche, en dehors des matières destinées au cursus scolaire», nous confie un instituteur. Pour le reste, c'est-à-dire en milieu extrascolaire, il est évident que le rôle des organismes n'est pas fortuit pour asseoir une stratégie adéquate avec l'implication des bibliothécaires en charge des aires de livres dans les annexes de la culture de toutes les municipalités. L'idée émanant récemment de la directrice de la maison de la culture de Tizi Ouzou quant à une formation prodiguée au corps chargé de la gestion des espaces de lecture n'étant pas anodine. Elle ouvre une belle perspective pour la relance de ce chapitre en déclin avec un nouveau modèle propulsé par les conservateurs qui se métamorphoseront en véritables stimulateurs au lieu de demeurer figés dans les registres. La tâche ne s'annonce pas aisée, ce genre d'initiative requiert du temps pour le recyclage ou le perfectionnement des connaissances en matière livresque, et aussi une adhésion pour l'adoption sans faille de ce projet par tous les acteurs du secteur. Autant de mobilisation pour le fructifier. Un autre tabou devrait être chassé des égos des responsables, versés dans les classiques éphémérides officiels, en vue de baliser, voire de faciliter l'entreprise des néo bâtisseurs de la fonction bibliothécaire avec cette éventuelle projection. Laquelle projection, selon Nabila Goumeziane, portera sur l'exploitation des bibliothèques, «en termes de gestion et de méthodes susceptibles d'améliorer la qualité de service assuré au niveau local». En claire, il s'agit de rendre attractive ces espaces et les ranimer à travers des rencontres et des échanges dépassant le rituel de prêts livresque. Un projet ambitieux dans sa forme et dans son fond. Si l'on sait que la jachère frappe à longueur d'année ces salles de lecture. Qui garantirait les frais de perfectionnement des stagiaires ? Etant donné que les directions de wilaya ont vu leur budget de fonctionnement amenuisé. Des conventions allégoriques ou «passionnelles» pour le livre avec les départements universitaires pluridisciplinaires (bibliothéconomie lettres et arts, en particulier) pourraient coopérer pour garantir cette éventuelle transition, de l'avis de quelques spécialistes. Cela suffirait-il à condition que la passion prenne chez le public. C'est tout l'art de remplir les salles. N. H.