Photo : Riad De notre envoyé spécial à El Ayoune Samir Azzoug Réveiller l'opinion publique internationale. Tel semble être le message adressé par les autorités sahraouies aux différentes délégations étrangères venues manifester leur soutien. Même si la tâche ne semble pas aisée, il demeure qu'un vent d'espoir emplit l'air avec, entre autres, la présence, pour la première fois dans le camp de réfugiés sahraouis d'El Ayoune, d'une forte délégation d'élus français. Selon les organisateurs de la rencontre, ils seraient 120 représentants de la société civile française. Des personnalités espagnoles, du Timor oriental et algériennes étaient également présentes. Parmi les personnalités ayant assisté au défilé organisé dans le cadre de la célébration du 33e anniversaire de la proclamation de la RASD, figuraient le président du Sahara occidental et secrétaire général du Front Polisario, M. Mohamed Abdelaziz, le président de la délégation algérienne M. Sadek Bouguettaya et le vice-président du Timor Oriental, M. José Luis Guiterres. Mais le point fort de l'événement reste la présence de la délégation française, au regard de la position de Paris, jugée favorable au Maroc. Ces élus et membres d'associations paraissaient outrés par les conditions de vie des réfugiés et le peu d'importance accordée à la cause sahraouie, d'un côté, par les autorités françaises et de l'autre par les médias occidentaux. La France de l'égalité, de la fraternité et de la liberté ; pays de la Charte universelle des droits de l'homme, ferme les yeux sur des exactions commises à l'encontre d'un peuple. Malheureusement, le mutisme affiché pendant plus de trente années s'est transformé en prise de position affligeante pour des Sahraouis qui n'aspirent qu'à l'application d'un droit inaliénable, érigé par des institutions internationales, le droit à l'autodétermination des peuples. «Jamais il n'y a eu de véritable débat autour de la question sahraouie en France. Je parie que près de 98% des députés ne connaissent pas le Polisario. Nous-mêmes ne sommes pas très bien informés», regrette Nasser Khabat, adjoint au maire de Tarare (Lyon) et membre de l'association «Agir pour la citoyenneté». «Chaque peuple doit se saisir son existence et de son avenir», poursuit-il. Cet élu du Sud de la France reconnaît que la cause sahraouie est complètement occultée par les gouvernements qui se sont succédés au Quai d'Orsay et à l'Elysée. «En politique, qui ne dit rien consent», dira M. Khabat, expliquant ainsi la politique favorable à l'occupation des territoires sahraouis adoptée par son pays. Concernant les motivations ayant conduit les 120 élus français à se déplacer dans les camps de réfugiés, l'élu de Tarare informe que c'est «le comité national [français] de soutien au peuple sahraoui qui nous a adressé des invitations pour effectuer le voyage afin de sensibiliser l'opinion internationale». Et de poursuivre : «Cette visite à plus pour objectif de constater, de visu, dans quelles circonstances vivent les réfugiés pour pouvoir transmettre le message aux Français. C'est plus une approche humanitaire». Une approche que M. Khabat juge la plus à même de mobiliser l'opinion internationale. Après Tifariti, territoire libéré, et Smara, c'est au tour du camp de réfugiés d'El Ayoune de célébrer le 33e anniversaire de la proclamation de la RASD. Le défilé haut en couleur et fort en symbolique, affichant la nette volonté d'un peuple opprimé, exilé et privé de son sol, a ému la délégation française. Des enfants paradant à pied ou à vélo, portant des banderoles et scandant des slogans pour l'indépendance du Sahara occidental ont fini par émouvoir les spectateurs. «Les enfants sont les mêmes quels que soient les horizons», s'attendrit M. Khabat.