Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a fait, hier à Alger, lors d'une conférence de presse, un tour d'horizon sur l'actualité. Se montrant homme de dialogue, de l'apaisement, qui ne considère aucun sujet «tabou» ni «compliqué» - sauf la crise financière qui continue de l'alarmer-, il s'est, pendant plus d'une heure, astreint à répondre, à sa manière évidemment, aux questions des journalistes. D'emblée, M. Ouyahia tiendra à apporter une précision en expliquant que lorsqu'il a parlé de «populisme» et de «démagogie», il ne visait en aucun cas l'ancien gouvernement de Sellal, «ni aucune autre personne quelle qu'elle soit. Ce ne sont que des interprétations» et extrapolations auxquelles se sont livrés quelques journalistes. «Le gouvernement ne fait pas du populisme. Il peut ne pas être courageux ou bloqué par des situations de crainte et de dérapage nourri par les partis», a-t-il soutenu. Enchaînant ensuite sur l'affaire du ministre limogé 48 heures après avoir été nommé, le chef du RND parlera de «faille d'habilitation et de confiance auquel nous avons pu remédier en 24 heures». Devant l'incompréhension affichée par certains, il précise : «Le Président gère le pays, je vous rassure. Mais l'étude d'une fiche d'habilitation n'est pas de ses prérogatives.» Autrement dit, un chef d'Etat a des dossiers, des questions et problèmes autrement plus importants, déterminants et/ou stratégiques que l'étude d'une fiche d'habilitation. Quant au poste qu'il occupe actuellement, M. Ouyahia dira : «Cela ne me dérange pas. J'étais Premier ministre dix ans et demi durant. Aujourd'hui, je suis heureux et honoré de servir le président de la République dans le poste que j'occupe.» En réponse aux questions insistantes sur le nombre de portefeuilles ; trois, dont a été accrédité sa formation politique dans le gouvernement, M. Ouyahia choisira l'humour et réplique : «Je n'ai pas rencontré mon frère Abdelmalek Sellal pour avoir notre part du gâteau» à l'occasion d'un nouveau gouvernement. Revenant sur ses positions antérieures, notamment celle adoptée contre l'augmentation des salaires, le secrétaire général du RND dira : «On a dit qu'Ouyahia n'aimait pas le peuple. Mais je suis un enfant du peuple. J'aime le peuple.» C'est cet «amour» pour le peuple qui le pousse à éviter et bannir à jamais les discours démagogique et populiste, arguera-t-il. A ce propos, l'orateur prévient des jours «très durs» pour l'Algérie si, a-t-il nuancé, «on n'agit pas maintenant». Des réformes doivent être engagées, et le «pari», affirme-t-il, est «économique». «On plaide pour un débat économique et social pour bâtir un consensus national. Beaucoup de risques pèsent sur l'Algérie et on n'a pas eu le courage de prendre des décisions nécessaires […], je parle de privatisations. Et, ceux qui avait le souci et la volonté de construire l'économie on les a accusés d'oligarchie», a-t-il expliqué. Réagissant à un article de la presse électronique à propos des biens de sa famille, M. Ouyahia a mis «l'affaire» sur le dos de la rumeur, préférant des réponses toutes ironiques. «Un site électronique a fait état que mes fils possèdent des sociétés. Pareil pour ma femme. Que je possède… Par le passé, on a dit que moi-même je possède des bus, des minoteries. Je leur dis : Heureusement qu'on n'a pas dit que mes enfants vendent de la drogue. Concernant ma femme, celui qui trouve une trace de cette société, je la lui céderai, avec la signature de Mme Ouyahia.» «Ces paroles ne me perturbent pas. Je suis un homme public depuis 20 ans. L'essentiel pour un homme c'est de pouvoir se regarder dans le miroir le matin», a-t-il conclu. En présence de l'ancien ministre de l'Industrie et des mines, Abdeslam Bouchouareb, M. Ouyahia sera interrogé sur les «blocages» dont serait «victime» le Groupe industriel Cevital à Béjaïa. «Nous considérons que la gestion de cette affaire au niveau du port de Béjaïa n'est pas la bonne», répondra-t-il avant de faire l'éloge d'Issad Rebrab qu'il qualifie de «grand dirigeant qui a un grand groupe capable de surpasser ces problèmes». A. B.