Le flux incessants des migrants africains (subsahariens, pour l'essentiel) vers l'Algérie a fait couler beaucoup d'encre ces derniers mois et suscité nombre de polémiques, débats et commentaires. Des milliers de ces voyageurs «sans papiers» sont aujourd'hui visibles dans toutes les villes du pays, y compris dans les bourgades les plus petites. Sommairement pris en charge par des associations caritatives (nourriture, vêtements et prises en charge médicale), ces clandestins s'exercent aussi à la mendicité et font de petits boulots pour améliorer, un tant soit peu, l'ordinaire et leur quotidien. On doit le dire d'emblée, nos concitoyens, dans leur écrasante majorité, se montrent très sensibles aux multiples souffrances de ces déplacés, trainant des ribambelles d'enfants en bas âge, qu'ils soutiennent et assistent de leur mieux. Certains convertissent une partie de cet argent de l'aumône en euro pour l'envoyer au pays d'origine où ils ont laissé des ascendants et de proches parents en détresse. Toutefois, tous ces hôtes imprévus considèrent l'Algérie comme une généreuse terre d'escale pour reprendre des forces et gagner un peu d'argent, avant d'attaquer la traversée de la Méditerranée. Ils ont tout enduré dans le seul espoir de rallier l'eldorado européen. En attendant ce grand départ, certains parmi eux réclament des papiers et du travail. Doléances difficiles à satisfaire dans la conjoncture actuelle où même les citoyens algériens, sous-employés, font le pied de grue devant les agences d'emploi. Des commentaires anonymes hostiles, postés sur Internet, ont suscité une levée de boucliers dans les médias nationaux qui ont vite dénoncé «un grave dérapage raciste». Une réaction exagérée qui a été, cependant, très bien accueillie par l'opinion en ce sens qu'elle traduit un sentiment antiraciste collectif. Par la même occasion, des associations de protection des droits de l'Homme ont appelé les autorités à héberger dignement ses réfugiés dans des centres d'accueil, en leur offrant plus de commodités. Une telle prise en charge exige, évidemment, un budget conséquent et des équipes pluridisciplinaires pour l'administrer. Ce qui n'est pas dans les cordes de nos villes qui ont d'autres problèmes également pressants à régler. Faut-il souligner que l'Algérie n'a pas les mêmes moyens et les mêmes soutiens que l'Italie pour endiguer ce phénomène de l'émigration clandestine. La Turquie, avec tout son potentiel, a réclamé et obtenu l'aide de l'UE pour mettre en place les structures d'accueil nécessaires aux réfugiés syriens. La réponse à cet impératif universel n'est pas du ressort exclusif de notre pays. Le flux croissant de ces réfugiés, fuyant les guerres et la misère, réclame l'aide, désintéressée et non-conditionnée, de plusieurs autres partenaires internationaux. L'ONU, l'Union européenne (UE) et l'Union africaine (UA) ont également une part de responsabilité et une contribution à faire dans ce sens afin de mettre en place des mécanismes durables face à ce problème qui s'accentue de jour en jour. A ce propos, on doit souligner que l'attitude de l'UE, qui consiste à financer des centres de rétention dans des pays tiers pour se défausser ensuite totalement du problème, ne constitue pas la solution tant souhaitée, mais juste un calmant qui met le pays d'accueil dans l'embarras. Notre pays a parfaitement raison de refuser ce rôle humiliant de sous-traitant à la solde de l'Europe. Il s'agit d'un problème humain, universel, auquel ont doit trouver, tous ensemble, une solution pérenne. Tous les Etats doivent s'impliquer sérieusement en faveur d'une issue qui serait équitable et moralement acceptable. Toute autre approche ne serait que fuite en avant aux conséquences fâcheuses pour tout le monde. K. A.