Toute médaille a son revers. Internet n'échappe pas à cette règle, loin s'en faut. Les apports de la Toile en termes de savoir, information, distraction et diffusion mondiale de ces derniers sont, certes, indéniables. Elle a ouvert large les horizons de la connaissance et de la création, devenant l'outil de travail par excellence, indispensable dans tous les domaines. Les conséquences des deux récentes attaques mondiales aux virus rançongiciels ont illustré l'étendue de l'emprise d'Internet et la dépendance à laquelle il nous a soumis, à telle enseigne que, ne pouvant nous en passer, on a dû trouver des parades aux dérives qu'il induit. On a des spécialistes en cybercriminalité, en addiction à Internet, en antivirus… On découvre ainsi que derrière le web qu'on connait et qu'on sollicite quotidiennement, se cachent des réseaux invisibles aux communs des internautes, qui véhiculent et abritent des activités à la limite de la légalité, voire complètement illégales et criminelles. Darknet, darkweb et deepweb (web caché, qui représenterait 96% de l'intégralité du contenu du web) ne sont accessibles qu'aux initiés. Ils représentent l'envers de la médaille. Le piratage - entendre téléchargement illicite et non hacking- est dans cet éventail gris-noir de la Toile. Cette pratique s'est généralisée et fait des ravages, surtout dans le domaine des arts qui est particulièrement ciblé. Livres, films, albums de musiques sont les principales productions téléchargées, faisant le bonheur des «pirateurs», et le malheur des victimes (les artistes, éditeurs et producteurs piratés). Mais, sans l'applaudir ni l'encourager, le piratage contribue également à la diffusion et promotion mondiale des œuvres artistiques et de leurs créateurs. N'est-ce pas le meilleur agent dont puisse rêver un artiste !? Il est vrai qu'il y laisse des plumes. Mais, à terme, il peut récupérer la mise. Des chanteurs, des auteurs, des cinéastes et des producteurs reconnaissent qu'ils se sont fait connaitre ou ont vu les ventes de leurs créations augmenter grâce aux téléchargements pirates de leurs albums, livres ou films. Des artistes «militants» ont d'ailleurs fait le choix de laisser quelques-unes de leurs œuvres en téléchargement libre. En effet, une fois qu'on a pris goût à l'art, on peut plus facilement consentir à la dépense pour l'acquérir. C'est le cas des Algériens qui, de plus en plus connectés, sont devenus des champions de téléchargement et de piratage, surtout que l'interdit n'est pas réellement appliqué, sauf pour la commercialisation des œuvres enregistrées au niveau de l'Office national des droits d'auteurs et droits connexes (Onda). Les jeunes Algériens découvrent la culture comme ils n'auraient jamais pu le faire s'ils avaient attendus les institutions censées la leur apporter. N'est-ce pas le meilleur moyen de socialisation de la culture ? Ça ne dédouane cependant pas ces institutions. Car, à la différence des autres pirateurs, les Algériens n'ont souvent pas d'autres choix que de télécharger ce qu'ils veulent voir, écouter ou lire, car les œuvres qu'ils piratent ne sont pas toujours disponibles sur le marché. H. G.