Le gouvernement s'apprête à amender la loi sur les partis, dans le cadre des réformes politiques lancées par le président de la République en 2011 et couronnées par la révision constitutionnelle de février 2016. Le statut des formations politiques doit, conséquemment, se conformer aux nouvelles dispositions de la loi fondamentale. L'annonce a été faite, hier, par le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, qui a sollicité «l'implication de toutes les parties concernées à l'enrichissement du projet de loi». La consolidation de l'action politique, la transparence financière à travers le pré-contrôle et le post-contrôle du soutien et du financement des partis, la facilitation des procédures d'agrément ainsi que la participation la plus large des femmes et des jeunes sont, entre autres, autant d'axes de réflexion suggérés par M. Bedoui. Les partis ont présentement une image peu reluisante auprès de l'opinion, comme en témoigne les taux croissants de l'abstention lors de différentes consultations électorales. Pour le dire ainsi, le citoyen suspecte la sulfureuse connexion entre les milieux d'affaires et les élites politiques. On parle ouvertement de «vente au plus offrant» de la tête de liste dans la course aux mandats de député ou de sénateur, voire de blanchiment de l'argent sale. De nombreux affairistes et autres businessmen intéressés ont, en effet, investi les travées du Parlement, en empruntant des voies détournées. La culpabilité des partis est pleinement engagée dans cette ascension douteuse qui, très souvent, ne sert pas l'intérêt général. L'électorat réclame, à cor et à cri, la moralisation de la vie politique à travers une réelle démocratisation des partis et le passage par des «joutes» primaires dans le choix et le classement des candidatures aux mandats populaires. Une exigence légitime à même de permettre aux formations politiques de s'émanciper de l'emprise de l'argent et des intérêts étroits pour remplir correctement leur mission dans le respect absolu de la souveraineté nationale et de la démocratie. En principe, un parti incarne une force de proposition qui élabore des idées novatrices, des programmes adaptés, des orientations pertinentes et des mesures judicieuses pour le pays. Il doit participer activement à la structuration de l'opinion, à l'animation du débat national et à la sélection et la promotion des compétences et des élites à même de conduire le pays, avec succès, vers le développement humain et l'essor économique. A cet effet, les partis doivent bénéficier, en retour, de larges libertés de création, de réunion, d'alliance et d'expression, en se soumettant aux obligations de la transparence politique et financière. Etant les premiers concernés par cette réforme, les partis politiques sont, donc, conviés à formuler leurs idées et à s'exprimer clairement sur ce dossier extrêmement important. Notre pays compte aujourd'hui plus d'une soixantaine de partis. Un nombre exagérément grand. Mais sur le terrain, très peu de formations sont réellement actives et remplissent partiellement leur rôle. Que des coquilles vides en fait! Il s'agit, à priori, de donner à l'action politique davantage de vigueur et d'efficacité et de transparence afin que le citoyen puisse y trouver un cadre d'expression sain à ces préoccupations. Il s'agit, en somme, de réconcilier ce citoyen avec la chose politique, en restaurant le climat confiance requis à cet effet. K. A.