Après l'annonce de l'effacement de la dette des agriculteurs, le débat sur la prise en charge des difficultés financières des opérateurs économiques s'est installé. La brèche est ouverte. C'est une occasion à ne pas rater en cette période préélectorale. Les demandes fusent d'un peu partout. L'espoir de voir les dettes épongées renaît alors que rien n'indique que c'est la solution idoine pour lancer un système économique productif. On efface les dettes et après ? Ne l'a-t-on pas déjà fait en 2001 pour les paysans pour retomber encore huit ans après dans le même cercle ? Au-delà des problèmes d'ordre financier, l'économie nationale souffre de l'absence d'un système de gestion efficace et fiable. Les scandales qui ont éclaté durant la période de mise en œuvre du Plan national de développement agricole (PNDA) sont une preuve de cette défaillance. Une défaillance touchant aussi nos entreprises qui sont nombreuses à souffrir de dysfonctionnement et d'irrégularités faute d'une bonne gouvernance. Un concept qu'on ne cesse de développer théoriquement ces dernières années à travers l'organisation de séminaires et autres rencontres consacrées au management. Mais, sur le terrain, les changements n'arrivent pas. Ils se font désirer. C'est dans ce contexte que les opérateurs économiques, par le biais notamment du forum des chefs d'entreprise (FCE), multiplient les doléances au gouvernement pour l'amélioration de l'environnement de l'entreprise. La dernière demande en date concerne l'assainissement de la situation financière des entreprises. Un dossier pourtant déjà soumis au gouvernement. L'étude a même été lancée par le ministère de la PME et de l'Artisanat, que ce soit pour les entreprises publiques ou privées. Les banques avaient été saisies sur l'état des dettes. Aujourd'hui, le dossier rebondit et le FCE compte saisir officiellement le Premier ministre. Est-ce une demande de d'effacement de dettes déguisée ? Si c'est le cas, le niet est déjà affiché du côté du gouvernement. Le premier argentier du pays l'a clairement signifié lundi dernier en marge de l'ouverture de la session de printemps de l'Assemblée populaire nationale (APN). Il n'y aura pas non plus d'effacement de dettes pour les pêcheurs, selon le Premier ministre. Lequel a tenu à préciser que les investisseurs dans le secteur de la pêche bénéficient de l'aide de l'Etat à hauteur de 30%, contrairement aux agriculteurs. Mais ces aides n'ont apparemment pas apporté de résultats puisque la consommation de poisson reste très faible en Algérie. Les prix demeurent trop élevés par rapport aux moyens financiers des consommateurs. Le problème réside dans la régulation du marché comme c'est le cas pour les produits agricoles dont les prix ne cessent d'augmenter. Il ne suffit donc pas d'éponger les dettes mais il faut mettre en place les mécanismes nécessaires pour booster la production à tous les niveaux à l'ère ou l'on parle de la nécessité de préparer l'après-pétrole. S. I.