Photo : APS Par Faouzia Ababsa Mohamed Saïd, que certains observateurs ont qualifié d'intrus dans la course à la présidentielle, était l'invité de la rédaction de la Chaîne III de la radio nationale. En cette veille du 8 mars, le père du Parti pour la justice et la liberté, fraîchement créé, s'est prononcé contre l'abrogation du code de la famille, jugeant que les femmes avaient obtenu suffisamment de droits et qu'il s'agissait aujourd'hui d'en faire le bilan. Il a appelé paradoxalement à ce que la femme soit plus présente dans la sphère politique et économique. Porteur d'espoir et d'optimisme, Mohamed Saïd s'est exprimé sur plusieurs sujets, notamment sur l'inutilisation de la religion à des fins politiques. Tout en se défendant d'être un islamiste. «Si défendre sa religion c'est être islamiste, alors oui, je le suis», a-t-il précisé. Mohamed Saïd a abordé la réconciliation nationale dont l'entrée en vigueur est positive, même s'il restait encore beaucoup de chemin à parcourir, notamment pour régler le problème des disparus. Un traitement qui demande beaucoup de temps, car ce sont, selon lui des séquelles de la tragédie nationale qu'il faut absolument éradiquer. A la question de savoir si son parti puisait dans les fondements de Wafa, qualifié de parti islamiste, créé par Ahmed Taleb Ibrahimi, Mohamed Saïd a opposé un démenti catégorique. «Wafa n'est pas un parti islamiste. Il été créé avec cette ambition d'instaurer une homogénéité entre l'islam, le nationalisme et les valeurs démocratiques. Mais lorsque l'on veut tuer son chien, on l'accuse de rage». Cependant, il précisera qu'il n'y a pas de rupture dans les idées politiques. Les idées prônées par Ahmed Taleb, telles que la réconciliation nationale, l'effacement de la dette des agriculteurs, la création d'un institut des relations internationales ont été reprises. Mohamed Saïd estime que le projet dont il est porteur suscite beaucoup d'espoir. Il propose d'investir dans l'homme, dans les ressources humaines, seul capital pour «réussir une deuxième remontée de l'histoire». Car il estime que le changement est possible aujourd'hui avant demain. Au plan économique, l'ex-ambassadeur ne s'oppose pas aux réformes introduites jusqu'ici. Le seul grief qu'il retient, c'est par rapport à leur mise en œuvre sur le terrain. Ainsi, le fondateur du Parti de la justice et de la liberté a applaudi à l'effacement de la dette des agriculteurs, tout en précisant que cela devrait concerner uniquement les petits fellahs et non pas les gros agriculteurs, qui, eux, ont les moyens de s'en sortir. Il propose, d'autre part, d'aider les petites et moyennes entreprises algériennes et ne pas compter que sur les investissements étrangers. L'invité de la radio a déploré le fait que l'Algérie n'ait pas tiré les leçons et continue à puiser dans les réserves. Et de marteler : «Il faut développer l'agriculture, notamment dans le Sud». A propos de la crise financière, il dira que «nous ne devrions pas crier victoire trop vite. Il faut consolider le secteur public en renforçant le rôle régulateur de l'Etat toute en donnant la possibilité au secteur privé de s'épanouir. Non sans encourager le capital étranger.»